ACONCAGUA du 13 janvier au 5 février 2007                                                 CARNET DE VOYAGE                                       

 

Daniel Petraud

 

Le journal de la première partie du voyage a disparu dans une fausse manoeuvre informatique.

Résumons les points à retenir :

 

Rôle du guide français, intendance

 

Avec 6 clients j’ai droit à un guide chilien (Andrès) et un assistant (Jean-Pierre). Ils gèrent toute l’intendance et Andrès s’occupe de la montagne. Il se trouve que Jean-Pierre est français, parfaitement hispanophone, installé au Chili, mais ce n’est pas toujours le cas et le guide français doit pouvoir servir d’interprète. Il doit également donner un coup de main : service, vaisselle, installation, désinstallation.

La synergie entre nous trois a été parfaite, il n’empêche que les guides font un peu doublon, ce qui peut poser des problèmes d’ascendant sur le groupe et mettre l’un ou l’autre en situation délicate. Un seul guide devrait suffire, l’équipe locale s’occupant comme au Népal de l’intendance et du portage. Il y a  pléthore de guides et absence de porteurs, réfléchir à cette question ...

Cela dit la prestation Azimut est de qualité, tout est compris (même les bons vins chiliens et argentins), sauf les repas à Santiago et les hôtels sont haut de gamme.

 

Parlons du Plomo :

 

La question s’est posée de savoir si l’acclimatation au Plomo était une bonne chose. Quelques clients ont pensé qu’il serait préférable de ne pas passer par le Chili. A réfléchir. Il est vrai que monter à 5400 m après 3 nuits seulement en altitude c’est un peu violent ! 2 clients sur 6 sont parvenus au sommet. En tout cas, si c’était à refaire, il faudrait prévoir un caisson hyperbare pour la tranquillité au Plomo.

2 petits changements du programme apportés par le guide chilien sont à retenir : le dernier camp (de base) au refuge Federacion (4130 m) est préférable au camp à la Olla, qui fait gagner peu de temps sur l’ascension et se trouve être beaucoup moins confortable. Le second changement, le retour sur la Parva peut se faire par un autre itinéraire dans la journée, plus beau et plus intéressant, qui emprunte en partie le sentier du Cerro Leonera (voir carte)

 

Question des tentes :

 

Largement signalée par les clients, les tentes à 2 du camp de base (fournies par Azimut 360) sont trop petites. Il serait souhaitable d’avoir la même taille de tentes au camp de base et en altitude.

 

Administratif et visite médicale :

 

Beaucoup de clients ont trouvé trop longues et trop compliquées les démarches administratives de l’obtention du  permis d’ascension à Mendoza.

Certains clients peuvent se voir refuser l’ascension pour cause de tension artérielle trop haute ou de saturation en oxygène trop basse. Le problème c’est qu’ils ont payé 400 $ US avant l’ascension... ça sent un peu l’arnaque. Solution : être encore plus précis sur la fiche technique en faisant apparaître les normes chiffrées des tensions en vigueur à Confluencia (14/8) et Plaza de Mulas (15/9).

 

Acclimatation :

 

Elle est manifestement insuffisante, et c’est le seul 7000 qui se fait en 3 semaines. La journée supplémentaire n’est jamais utilisée car les gens son épuisés... Il faudrait redescendre après avoir équipé les camps (portages) et faire un « assaut final en 4 jours «  au lieu de faire des montées de 1000 m qui cassent tout le monde à des altitudes pareilles avec des charges surhumaines...

 

 

 

 

Portage :

 

Des sacs trop lourds associés à une acclimatation insuffisante augmentent les risques de problèmes ; cela associé à une météo difficile et c’est l’échec... Il faut aussi repenser un portage du matériel collectif (tentes, réchauds) ou du temps pour équiper et déséquiper les camps...

 

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JOURNAL A PARTIR DU CAMP DE BASE

 

J12-Me.24/01/07

 

Journée de repos au camp de base mise à profit pour préparer toute la tactique d'ascension.

Je commence par une mise en pratique de l'utilisation du caisson hyperbare afin que tout le monde sache l'utiliser.

Ensuite Andres et Jean Pierre expliquent toute la pratique de l'utilisation des tentes (à deux) et des réchauds la grande abside étant utilisée pour la cuisine et l'arrière comme entrée (bonne solution).

Ils ont préparé des sacs de nourriture et chaque binôme peut sélectionner ses repas (on prend toujours trop ! conseiller habilement les clients et vérifier gentiment les sacs)

 

 

J13-Je.25/01/07

 

Plaza de Mulas-Cambio de pendiente(5320m wp 009)-Plaza de Mulas

Départ 8h20 je passe à la pesée : 18 kg dont 2 d'appareil photo. Rythme très régulier donné par les guides 300m/h, puis 240m/h, arrivée à 13h, montage des tentes et dépose des vivres et du matériel. Redescente rapide dans les pierriers.

 

Plaza de mulas c'est un univers à part entière. Rotation de l'hélicoptère un oedème cérébral hier et quatre pulmonaires aujourd'hui. Visite médicale obligatoire, nous arrivons enfin à attraper le médecin forcément débordé par toutes ces urgences. On nous refait les mesures déjà faites à Confluencia tension et saturation. La tension semble déterminante pour accéder ou non à l'altitude : les normes sont 14/8 à Confluencia et 15/9 à Plaza de Mulas.

René et Philippe avaient une tension trop haute à Confluencia. René a retrouvé de bonnes valeurs et Philippe reste très haut : 20 ! Patrick et Jean Marc sont aussi un peu hauts et doivent repasser demain devant le médecin. Cette gestion préoccupe tout le monde et il est demandé de donner les valeurs sur la FT Allibert.

Mes valeurs : Confluencia Tens/12-10 Sat/95. Plaza Tens/14-9 Sat/91.

 

M/D : 1020m

Tps : 7h

Pouls : 140/123/76

 

 

J14-Ve.26/01/07

 

Journée de repos et préparatifs à Plaza de  Mulas

 

Journée tranquille. Petite balade à l'hôtel. Mails moins chers mais plus difficiles à passer qu'au camp.

Tri de la pharmacie d'altitude avec Jean Pierre qui est infirmier. Réglage des crampons sur les coques louées 15 $/jour par René et Jean Marc qui n'ont que des cuirs !

Passage de Philippe à la visite qui, malgré le traitement a toujours une tension trop haute.

 

 

 

 

 

J15-Sa. 27/01/07

 

Plaza de Mulas-Cambio de Pendiente

 

Ce matin grand beau mais encore beaucoup de vent. Le lenticulaire est encore sur le sommet, il ne sera pas fait aujourd'hui ! Finalement les jours possibles sont rares, aurons-nous cette chance ? Drôle de saison.

Départ vers notre camp déjà installé à 13h30, arrivés à 18h sous la tempête de neige, l'orage habituel du soir. Finalement Philippe décide de ne pas venir avec nous bien que sa tension ait baissé, peut être est-ce plus raisonnable.

Bizarrement, bien que mon sac ne fasse que12,5 kg au lieu de 18 kg avant-hier, mon pouls est plus élevé et bien que je sois sensé être plus acclimaté,  peut être est-ce le fait de partir l'après midi en pleine digestion. Séance de photo très conviviale dans la tente de mes collègues chiliens. Le beau temps revient dans la soirée et me permet de photographier le sommet éclairé par le soleil couchant après la tempête.

 

M : 1005m

Tps : 4h40

Puls : 158/128/91

 

J16-Dim. 28/01/07

 

Sommeil en pointillé, 1000m de prise d'altitude cela fait beaucoup, on aurait peut-être intérêt à partir le matin pour éviter l'orage du soir et avoir le temps de retrouver une respiration plus calme.

L'hélico fait ses rotations sur les camps et le soleil tarde à venir (9h15 à Cambio)

Nous démarrons à 11h avec des sacs énormes entre 15 et 20kg, 30kg pour Andres avec caisson hyperbare et même une bouteille d'oxygène.

Tout le monde ploie sous la charge, essoufflement et épaules sciées. Nous atteignons Berlin à 16h30... Froid et inhospitalier Berlin !

 

M : 585m - 180m/h

Tps : 5h14

Puls : 136/122/82

 

 

J17-Lun.29/01/07

 

Berlin Plaza de Mulas

A 3h du matin réveil. Ciel clair, beau temps après l'habituel orage du soir. Nous faisons le point : seuls Alain et Jean Marc sont partants, René,Patrick et Stéphane ne prennent pas le départ vers le sommet qui est prévu à 5h avec Andres et Jean-Pierre je dois raccompagner les 3 qui veulent redescendre. Nous nous recouchons et vers 7h je suis réveillé par des rafales qui secouent la tente, je jette un oeil dehors, le lenticulaire est là sur le sommet, le vent est violent et glacial... Ce ne sera pas pour aujourd'hui ; en effet vers 8h nous les voyons réapparaître et tout le monde se réfugie sous les tentes pour chercher chaleur et confort. A midi après avoir tout plié dans un froid qui glace les os  (-18° sous abri, rené se fera des petites gelures – 1er degré - en démontant la tente avec des petits gants !) nous démarrons vers le bas sous des sacs qui brisent le dos (22 kg) et sous une chute de neige qui se confirme et embellit. 3h30 plus tard nous sommes à Plaza de Mulas.

 

J18-Ma.30/01/07

 

Aujourd’hui il fait grand beau, les boules ! Il fallait rester là-haut pour une deuxième tentative et ne pas se fier à la météo. Les Suisses Allemands eux aussi se sont fait avoir, ils ont tenté hier depuis Nido et sont redescendus, reste le problème de L'Aconcagua : acclimatation violente et insuffisante, ne donne pas envie de rester pour la deuxième chance. Il fallait "faire le siège" et on a ni l'envie ni la force.

 

Repos, douche chaude (15 pesos argentins) et Internet (25 pesos pour 15 mn). Tout est possible à Plaza de Mulas... Même la neige ! Elle commence à tomber à 15h et tombe sans discontinuer jusqu'à 20h ! 10 cm au camp de base. On est venu chercher l'été en hiver et nous avons trouvé l'hiver en été !

 

 

J19-Me.31/01/07

 

Après adieu et pourboires au staff Viviana la cuisinière et Pablo le chef de base. Nous partons vers Orcones à 10h dans la neige au soleil levant et il y en a qui prenne déjà la direction du sommet de la montagne la plus courtisée.

Un vautour peu farouche (caracara à tête jaune) nous accompagne sur l'interminable Playa ancha. Seul représentant de la faune bien rare de ces contrées.

 

M : 215m

D : 1565m

Tps : 7h35

 

 

J20-Jeu. 01/02/07

 

De Penitentes à Santiago

 

Déjeuner au restaurant "El Sauce"(le saule) d'une parillada pantagruélique sous l'ombre des arbres.

 

J21-Ven.02/02/07

 

Pour Valparaiso prendre le métro jusqu'à Universitad de Santiago et à la sortie prendre terminal de buses puis la compagnie Tur-Bus. 1A/R pour 5200 Pesos. On peut aller également directement à Vinia del Mar si l'on veut aller à la plage.

On trouve des plans de la ville au terminal de bus.

On suit les rues animées jusqu'au port on peut prendre alors un funiculaire (conception) pour se promener dans les ruelles escarpées de la vieille ville aux anciennes maisons multicolores qui dominent le port.

Après avoir longuement flâné nous déjeunons dans un agréable restaurant rue          tenu par une Québécoise où nous apprécions une fine cuisine de poisson arrosée d'un délicieux chardonnay. Retour au terminal de bus où nous faisons valider nos billets et retour à Santiago (2h)

Dîner le soir au « Lomit's » à l'angle de la rue de l'hôtel qui reste le meilleur du coin avec l'italien en face.

 

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Conclusions.

 

Comme les groupes précédents, nous avons échoué. Il est vrai que nous avons eu des conditions climatiques particulièrement difficiles en cette année 2007, mais il serait intéressant d’étudier de quelle façon on pourrait obtenir de meilleurs résultats. Le niveau des clients n’est pas à remettre en question, j’avais un groupe homogène et d’un bon niveau physique.

L'Aconcagua est un 7000 très difficile pour plusieurs raisons.

1/ Météo capricieuse avec des froids polaires et des vents qui atteignent des vitesses record. Il faut pouvoir "assiéger" la montagne pour trouver la fenêtre météo qui donne une chance de réussite.

2/ Trop peu de camps et de temps pour une acclimatation suffisante. Monter 1000m, puis 600m puis 1100m à des altitudes pareilles avec des sacs de 20 kg tient de la prouesse physique. Et coupe toute envie de rester sur la montagne pour "faire le siège". Il faut 3 camps comme sur les autres 7000m pour un "assaut final " en 5 jours l'équipement des 3 camps servant d'acclimatation.

3/ Sacs trop lourds porteurs nécessaires pour le matériel collectif : tentes, gaz, réchaud.

4/ Le temps durée : il est le seul 7000 qui se boucle en 3 semaines, tous les autres se font en 1 mois.

Au vu de ces conclusions plusieurs solutions sont à étudier.