Kasakhstan Expedition au Marble Peak Août 2004

J 1 : 3/08/04

 

Paris Almaty

 

Début très "chaud" ! Dans le taxi qui m'accompagne au Campanile de Roissy je me rends compte que je n'ai pas la convocation ! Tel à Chapareillan, je m'envole en fait d'Orly Sud ! 1/2 tour, recherche de n° d'hôtels dans le taxi, annulation du Campanile... Hôtels tous complets ! Finalement je trouve une place à l'hôtel Mercure plus cher, mais bon, on va pas faire le difficile avec 4 bidons un sac 2 cartons etc. ! En tout 10 bagages !

 

 A l'aéroport, l'enregistrement collectif est accepté. Le poids est divisé par le nombre de clients (30 kg/pers) nous avons 260 kg. Il reste 50 kg d'excèdent. Le gars de l'enregistrement ferme les yeux . Ouf !

 

J 2 : 4/08/04

 

Almaty

 

A notre arrivée à l'aéroport, 2 personnes nous attendent avec la pancarte Allibert.

Daria une interprète parlant français qui doit servir d'interprète jusqu'au camp de base (très peu de personnes parlent anglais) et un jeune kazakh représentant l'agence.

Arrivés à l’hôtel (à 7 h) Dariya m'annonce que nous devons partir à 10 h pour Karkara ! Surprise et problème car comment m'organiser dans la mesure où je devais disposer d'une journée pour faire les courses à Almaty. En effet nous devons assurer 10 jours d'autonomie depuis le camp de base avancé. (Pourquoi ne pas faire monter le cuisinier à l'ABC ? Ils n'ont pas l'air d'y tenir et je ne saurai pas pourquoi... Kazbek me dira par la suite que c'est possible mais je pense que c'est trop cher) Courses dans une grande surface à 10 mn de l'hôtel ouverte 24/24 ou on trouve à peu près tout et où l'on peut changer de l'argent(je change 300 €)

Finalement Daria téléphone au frère de Kazbek que je ne verrai pas de la journée malgré mes demandes.

A 14 h Daria revient avec un guide francophone très loquace pour la visite de ville qui va durer jusqu'a 18 h. Monument retraçant l'histoire kazakh en face de la mairie, puis musée ethnographique patinoire et barrage contre les torrents de boue qui ont menacé plusieurs fois la ville, monument très réaliste socialiste à la gloire des héros de la dernière guerre se sacrifiant pour empêcher l'entrée dans Moscou, cathédrale en bois  très belle et enfin retour à l'hôtel juste à côté.

Le soir dîner dans un restaurant populaire dans des rue piétonnes non loin de l'hôtel ou des portraitistes "croquent" leurs compatriotes. Le Montmartre d'Almaty. Les filles d'Almaty ont la réputation d'être très belles : vrai, vérifié !

 

J 3 : 5/08/04

 

Almaty - Karkara : (WP n° 001)

 

E/0352414

N/4726845

Alt. : 2220 m

 

Karkara se présente comme un grand bâtiment allongé  avec cuisine salle à manger et bar. Annexes : bureau du chef et propriétaire Kazbeck et remises, toilettes douches et sauna (sur commande). Le logement des touristes est assuré dans des tentes de camping familiales avec chambres   (2 places)

En arrivant je découvre en faisant le point avec Kazbeck que la prestation guide (consultant !) porteurs et installation des cordes fixes n'est pas pré payée de France et il faut sortir 800 $ + 500 $ soit 1080 €. Je suppose que c'est pour cette raison que j'ai un budget assez large (2100 €)

Je lui demande si il ne serait pas envisageable de faire monter un cuisinier au Camp de Base avancé il me dit que c'est possible moyennant argent je ne sais pas encore combien ...

Le soir Kazbeck nous décrit sur les photos les différents itinéraires du Kan Tengri et du Pobiéda et nous annonce qu'il vient d'y avoir11 victimes par chute de sérac sur la voie sud (normale) du Kan Tengri. Il y a un glacier délicat entre CB et C1. Il n'y avait pas eu d'accident depuis 11 ans. La voie nord me parait plus sure bien que plus technique (niveau Ama Dablam)

 

J 4 : 6/08/04

 

Marche d'acclimatation : Karkara- Sommet  Alt : 3378 m    (WP 002)

N/6357600

E/4723599

 

Très joli sommet au dessus du camp d'ou l'on peut voir toute la chaîne.  Après les douches continuer jusqu'au premier vallon à gauche qu'on emprunte, on marche dans de hautes herbes avec quelques sentiers jusqu'a un premier col. Redescendre jusqu'au torrent que l'on traverse (pont tronc d'arbre) puis remonter de longues pentes herbeuses sur la droite pour gravir le sommet à droite du col visible du camp. On peut aussi grimper celui de gauche (plus long) On marche dans une flore typiquement préalpine de chez nous : épiceas, genévriers, aconits, rumex, géraniums, scabieuses, vératres, alchémille etc. On se croirai en Chartreuse ou Vercors.

Au retour vérification des MSR changement/débouchage des gicleurs et demande de benzine dont ils me remplissent un jerrican de 25 l pour le camp de base avancé sachant qu'il y en à un baril complet au camp de base. Une des rares choses non payantes en extra, comprise dans le forfait guide/porteur/cordes fixes. Les casseroles doivent être fournies au camp de base. Les locaux ne sont pas des adeptes du MSR et ne jurent que par le gaz. Je finis par leur prendre 10 cartouches et un bleuet en secours pour 50€. Ce sont des cartouches de butane pur et non le mélange butane/propane et c'est faiblard en altitude : inch Allah !

Pendant ces préparatifs nous rassemblons en un tas ce que l'hélicoptère doit monter au camp de base avancé après nous avoir déposé au CB : vivres, 4 tentes VE 25 Allibert, 3 MSR, benzine, caisson, pharmacie.

 

Montée/Descente : 1380 m

Temps : 6 h

 

 

 

J 5 : 7/08/04

 

Karkara, journée de pluie donc pas d'hélicoptère

 

On commence à s'habituer aux relations avec les locaux mélange de Slave et d'asiatique, les filles sont remarquablement belles et charmantes. Le côté revêche et autoritaire d'une réglementation administrative bien rodée disparaît le soir au bar ou l'on boit en devisant jusqu'a minuit. Froids au dehors, chauds au dedans.

Aujourd'hui nous attendons l'hélicoptère longtemps car le temps est nuageux et il faut changer un vérin de palle.

Finalement le mauvais temps se confirme et il pleut toute la journée... Le vol est donc reporté au lendemain. Nous commandons le sauna qu'ils nous mettent en route dans l'après midi. Le soir : guitare et chansons.

 

 

J 6 : 8/08/04

 

Karkara  CB Bayankol (WP 003)

 

E/0434217

N/4687597

Alt : 3180 m

 

Le beau temps est revenu dans la nuit. L'hélicoptère décolle à 11 h et nous atterrissons au CB 90 Km plus loin à 11 h 45. L'hélicoptère continue jusqu'au camp de base avancé  où il dépose notre matériel et guides et porteurs qui installent quelques cordes en redescendant. Préparation du camp de base : cuisine table bancs antenne radio qui permet la liaison avec Karkara et même Almaty. Montage des tentes fournies par l'agence une pour deux avec mat central, lunch et repos. Préparation et vérification du matériel technique (jumars, longes etc.) et liste de ce que l'on doit prendre en altitude.

 

 

 

J 7 : 9/08/04

 

CB-Col Chinois (WP n° 004)

E/0438912

N/4686899

 

Petit déjeuner 8 h 30  Je vérifie les radios  les calent et les verrouillent sur la fréquence de celle du guide (145.000) qui ne tardera pas à tomber en panne.

Départ 10 h 20 arrivée au col à  13 h 30 suivre la moraine rive gauche tout le long sentier plus ou moins bien marqué et cairné.

Box lunch au col

 

Entendu quelques cris de marmotte et vu un beau trophée de bouquetin. Du col chinois on voit bien l'arête qui va de l'antécime au sommet. Le temps se dégrade très vite et il pleut à nouveau. Je trouve qu'il y à déjà beaucoup de neige en altitude.

De retour au camp j'établis avec Sacha (notre guide consultant et ex-militaire russe, les alpinistes le sont presque tous) le planning d'ascension : en gros monter à l'ABC et acclimatation et assaut final dans la foulée.

Sous la tente cuisine je demande une casserole et une bouilloire pour l'altitude n'ayant pas pu en obtenir à Karkara où ils m'ont dit que je pourrais en prendre au CB. Sacha entre et me dit que j'aurai du prévoir à Karkara que c'est mon problème et que je ne dois pas rester dans la cuisine. C'est la première fois que je me vois traité ainsi en expé par ceux qu'on a payé pour une prestation et qui finalement passent leur temps à bricoler au camp de base... Quelle différence avec le Népal où l'Amérique du sud ! Je crois qu'une sérieuse mise au point va s'imposer.

Un moment après Je vais voir Daria notre interprète sous sa tente pour lui expliquer comment on travaille d'habitude avec le "staff" local, que les casseroles sont vitales et que j'ai l'habitude d'aller dans la tente cuisine pour discuter avec l'équipe et régler ainsi grands et petits problèmes au fur et à mesure. Elle m'explique qu'ils ont communiqué par radio avec Kazbek et que c'est d'accord pour les casseroles et le porridge (que j'avais demandé en même temps que les casseroles) Je n’en crois pas mes oreilles ! Il faut l'autorisation du grand chef pour déplacer 2 casseroles et 4 paquets de flocons d'avoine ! Effectivement après le dîner les casseroles et le porridge arrivent sur la table avec le reçu en 2 exemplaires à signer respectivement par 3 personnes ! Quelques années de Stalinisme ça laisse quand même quelques traces !

Il va falloir s'habituer à cette façon de travailler !

Après le dîner nous avons la visite de nos voisins alpinistes russes et la soirée est consacrée à la guitare et aux chansons. Ils nous chantent leurs chansons d'alpinistes dans cette langue magnifique et de leurs belles voix graves (comme nous avons nos chansons de marins ils ont des chansons populaires d'alpinistes souvent humoristiques et très mélodieuses)

 

Montée / Descente : 800 m

Temps : 5 h

Distance : 4,140 km

 

 

 

J 8 : 10/08/04

 

Bayancol (CB) Camp de base avancé (ABC) (WP n° 005)

 

E/0437539

N/4683693

Alt. : 4330 m

 

Petit déjeuner 8 h. Je récupère une louche à mon passage en cuisine et la cuisinière fait un peu la grimace. Après le petit déjeuner Dariya me rajoute la louche sur le papier ou sont déjà notées cocote et bouilloire.

Nous démarrons à 10 h 20. On longe tout d'abord le glacier et après une heure de marche on prend pied sur la glace (bout de corde) On suit ensuite le glacier en son centre jusqu'au pied de la longue arête de schistes qui mène à l'ABC. De la on remonte encore un peu le glacier sur la glace et les cailloux (crampons) pour prendre pied sur l'arête à 3830 m. Quelques cordes fixes ont été mises en place par guides et porteurs lors de l'héliportage. A notre arrivée à l'ABC il y a déjà une de ces grosses tentes de camping de montée sur du plancher et une deuxième est en cours de montage. Pour la fonte il y a une grande bouteille de propane avec un gaz double feu : les porteurs occupent une tente et nous utilisons l'autre comme cuisine. Nous montons les 4 VE 25 neuves et je fais un inventaire des vivres. Grande soupe de pâtes fromage et charcuterie pour le dîner.

 

 

Montée : 1100 m

Descente : 50 m

Temps : 6 h 30   Distance : 5,12 km

 

J 9 : 11/08/04

 

ABC-Acclimatation (4780 m)-ABC

 

Après la fonte et préparation des sandwiches nous démarrons à 11 h !

Derrière les porteurs qui installent 250 m de cordes fixes. Pour moi et vu la qualité de neige 100 m auraient été suffisants. Je suis surpris par la qualité de la neige qui reste ferme malgré les nombreuses chutes de ces derniers jours heureusement car la pente est assez forte et régulière. Nous montons jusqu'a 4780 m sur le replat du glacier avant la petite redescente (nous constaterons par la suite qu'on peut shunter cette petite remontée et redescente pour prendre pied directement sur le plat du glacier) qui permet de rejoindre la large arête qui mène à l'épaule du camp 1. Retour au camp à 15 h 20, thé, repos et comme toujours le temps se gâte vers 16 h : brouillard puis neige et pourtant la pression est assez élevée (1022 mb ramenée au niveau de la mer)

 

 

Montée/Descente : 490 m

Temps 4 h 15

 

J 10 : 12/08/04

 

ABC- C1 (WP n° 006)

 

E : 0439006

N : 4683720

Alt : 5010 m

 

Comme chaque jour le temps vire au beau dans la nuit et vent et neige cessent brutalement.

Pour moi, lever 6h 30, chauffe et préparation de la pharmacie d'altitude. Petit déjeuner pour tous à 8 h ensuite préparation des "box lunch" pendant le démontage des tentes. J'ai trouvé cette solution qui allége la gestion de la nourriture : faire un sandwichs fromage charcuterie avec un fruit et du chocolat dans un sac de congélation par personne et par repas de midi et le distribuer.

Nous refaisons le parcours de la veille dans une neige déjà transformée par le froid de la nuit. Sans encordement qualité de neige et la présence des cordes fixes, plus mains courantes que cordes fixes, le permettent.

Très beau temps jusqu'au point atteint hier puis le temps se gâte comme d'habitude et les nuages montent très vite,  quand nous arrivons au C1 il y a un vent de tous les diables et le montage des tentes est problématique. Nous montons d'abord deux VE 25 qui doivent abriter 3 clients puis la "Kangchenjunga" made in URSS et pas triste à monter en plein vent que nous devons occuper les trois russes et moi même. Nous prenons place dans l'urgence sous nos abris de toile et nous commençons à faire fondre de la neige.

Les russes et une VE 25 sont "au gaz" et l'autre tente au MSR (benzine) cela pose bien sur quelques problèmes il est vrai qu'allumer un MSR sous une tente quand on ne peux pas le faire dehors pour cause de tempête demande un certain doigté ! C'est un bon réchaud mais un peu réservé aux spécialistes, en tout cas pas aux clients livrés à eux-mêmes. Enfin tout le monde finit par s'installer et on est bien au chaud sous la tente quand dehors la tempête fait rage.

 

Montée : 720 m

Descente : 80 m

Temps : 4 h 20

Distance : 1,470 km

 

J 11 : 13/08/04

 

C1-point 5470-ABC

 

En début de nuit la neige a cessé de tomber et le vent s'est levé à 80 Km/h dans les rafales : obligé de mettre les boules quiès pour dormir !

Apres de longs préparatifs-la cohabitation a 4 avec les russes dans la tente ne fut pas triste- nous démarrons à 11 h, le vent est un peu moins fort et le ciel lumineux, on supporte la petite laine. Apres un long plateau Morhan un des porteurs commence a équiper la montagne en cordes fixes qu'il fixe a l'aide de pitons et de noeuds de cabestan dans les schistes ! Ça ne tiens pas toujours, 2 pitons ont déjà giclé sous le poids des grimpeurs heureusement relayés par la corde supérieure. Nous remontons une arête soufflée sur une bande de neige de 3 m avec une corniche à gauche et des schistes à droite. Morhan fixe dans les schistes et nous remontons dans la neige vexé il arête d'équiper à 5350 m qu'il prétend être à 5700 m ! Nous continuons jusqu'a un replat à 5570 à 200 m sous le camp 2 ou l'on casse la croûte. 

De retour à 15 h 30 au C 1 Sacha (le guide consultant ancien membre de l'armée rouge me consulte pour savoir si nous ne serions pas favorables à une descente au ABC plutôt qu'a une seconde nuit au C 1.Consultation de l'équipe, unanimité pour descendre vers plus de confort. Nous laissons les 3 tentes en place et Xavier fait un inventaire des vivres laissés sur place. Je démarre devant pour préparer le camp, 30 mn après je suis au ABC à monter les tentes et à faire chauffer de l'eau, les clients descendent derrière avec pour consigne de rester ensemble. Morhan, descendu en premier, n'est pas la, il est descendu au camp de base et j'apprendrai à la radio qu'il s'est cassé la jambe à la descente ! Pour la première fois les nuages ne réussissent pas à s'installer le soir et nous avons droit à un superbe coucher du soleil sur la face de marbre. L'anticyclone montrerai t’il enfin le bout de son nez ?

 

Montée : 500 m

Descente : 1160 m

Temps : 5 h 10

 

J 12: 14/08/04

 

ABC Repos, préparatifs.

 

Journée magnifique totalement anticyclonique avec un ciel limpide. Après le petit déjeuner, petit exercice matinal, je descends dans le couloir de schistes en dessous du camp, où Xavier a laissé tomber un sac de vêtements. Je descends jusqu'au glacier, introuvable ! Le vent a du l'emporter jusqu'a une crevasse...

Dans l'après midi repos et intendance : 36 sandwichs à préparer pour nous et les porteurs ils ont de la nourriture mais il faut les équiper en nourriture d'altitude, nous faisons une chaîne ça dépote ! Et on rigole bien. Pour le soir purée instantanée (on en trouve au "carrefour" d'Almaty) avec gruyère ou lyophilise salé + lyophilise sucré. Petit déjeuner porridge biscuits reste de lyophilise sucré.

A savoir : il y a sur l'arête en direction de la première corde fixe le  déversoir d'un petit lac qui donne de l'eau pendant la journée quand il fait chaud.

J 13: 15/08/04

 

ABC-C1

 

J'ai réussi à négocier aux russes un brûleur Epigaz et 2 cartouches pour la tente MSR... Soulagement !

Nous montons doucement jusqu'au C 1 dans une neige dure excellente et dans le beau temps. Déjeuner sur le plat du glacier avant la montée à l'endroit habituel. Relevé d'une trace au GPS. Communication radio avec Bruno Douillet qui fait le tour des Tien Shan avec 10 personnes et doit gravir le sommet voisin du notre par l'autre face le Karlitao. A 19 h le ciel s'assombrit et nous avons droit à un superbe orage qui se transforme en neige.

Situation météo inchangée donc : petite perturbation du soir plus ou mois tôt, plus ou moins tard et retour du beau dans la nuit.

 

 

Montée : 670 m

Descente : 30 m

Temps : 3 h 50

 

J13 : 15/08/04

 

ABC-C1

 

J'ai réussi à négocier aux russes un brûleur Epigaz et 2 cartouches pour la tente MSR... Soulagement !

Nous montons doucement jusqu'au C 1 dans une neige dure excellente et dans le beau temps. Déjeuner sur le plat du glacier avant la montée à l'endroit habituel. Relevé d'une trace au GPS. Communication radio avec Bruno Douillet qui fait le tour des Tien Shan avec 10 personnes et doit gravir le sommet voisin du notre par l'autre face le Karlitao. A 19 h le ciel s'assombrit et nous avons droit à un superbe orage qui se transforme en neige.

Situation météo inchangée donc : petite perturbation du soir plus ou mois tôt, plus ou moins tard et retour du beau dans la nuit.

 

 

Montée : 670 m

Descente : 30 m

Temps : 3 h 50

 

 

J 14 : 16/08/04

 

C1

 

Autour de minuit l'orage se transforme en tempête de neige puis en tempête de vent dont les rafales sont si puissantes qu'on se demande si elles ne vont pas détruire la tente.

Je sort de la tente à 9 h pour pisser : je tiens à peine debout et l'urine est transformée en aérosol !

L’hélico va avoir du mal à voler pour emmener Bruno et son groupe au CB du Kan Tengri. D'après la radio ils sont quand  même passés ! Ces hélicos russes sont assez extraordinairement puissants volent par tous les temps et assez haut, plus ou moins 6000 m si on en croit les locaux. Malgré une assez mauvaise réputation.

Finalement nous décidons de ne pas bouger vu la force du vent et dans l'attente d'une amélioration.

Et nous avons bien fait car l'étape qui suit  est très sérieuse !

 

J 15: 17/08/04

 

C1-C2 (WP n° 007)

 

E : 0438980

N : 4682526

Alt : 5710 m

 

Réveil et début de chauffe à 6 h 30. Départ à 9 h 30 après avoir démonté les deux VE 25. J'en prends une sur mon sac et le regretterai un peu plus tard quand il s'agira d'équiper en cordes fixes dans les schistes pourris et la neige profonde avec 20 kg sur le dos.

Nous laissons la Kangchenjunga en place les russes en ont une autre pour nous loger tous les 3 au C2.

Nous cassons la croûte au dessus l'endroit ou nous nous étions arrêtés la première fois à 5550 m. Je pensais que c'était le C2 mais pas du tout, il faut gravir le mamelon évident et raide que l'on voit de partout, qui se trouve sous l'épaule et un peu à gauche de la corniche qu'on voit également de partout (photos)  et qui présente un replat au sommet où l'on peut établir le camp 2 à 5710 m. Le camp 2 se trouve en fait juste à l'intersection des deux arêtes : celle qui domine le mur de marbre et celle que nous devons gravir qui est cachée depuis le bas. Sur un replat limité par des schistes ocres juste à gauche de la grosse corniche qu'on voit du bas.

Arrivé au pied de la chose (la dernière bosse avant le camp) je me lance à relayer les russes, qui ne semblent pas très motivés, dans l'installation des cordes -moi, j'aime bien- et c'est là que j'expérimenterai quelques équilibres étranges en crampons dans les schistes enneigés bien appuyé au sol par une charge un tantinet inadaptée à ces entrechats un peu spéciaux. Je remplace leurs pieux à neige trop courts et qui ne tiennent pas dans cette neige soufflée par les bons vieux corps morts "sacs inter marché" les moins chers et les plus léger du marché et qui ont fait leurs preuves en moult occasions.

200 m de corde plus loin on est au camp 2. Et c'est SPLANDIDE ! Qui a dit que c'était une petite expé, c'est une belle et grande expé engagée et physique avec prestation locale minimale et météo difficile oui et qui mérite de devenir classique après quelques mises au point !

Malgré les nuages au milieu desquels nous sommes nous apercevons,  le temps d'une éclaircie, notre sommet et le majestueux Kan Tengri (maître des esprits) et tant d'autres encore glaciers, séracs, sommets à perte de vue. Oui, vraiment les monts célestes n'ont pas volé leur nom !

Montée : 715 m

Temps : 6 h

Distance : 1,5 Km

.

 

 

J16 : 18/08/04

 

C 2 Sommet (WP 008)-C2

 

E : 0439693

N : 4681351

Alt. : 6110 m

 

L'œil ouvert et l'esprit clair une bonne partie de la nuit grâce au thé des porteurs que nous avons siroté de 17 h à 22 h, j'ai pu entendre clairement les différents épisodes neigeux et venteux qui m'ont indiqué que nous n'étions pas vraiment dans le beau temps. Les Monts Célestes ne seraient-il pas le royaume du vent, de la neige et des nuages ? Il est vrai que nous n'avons eu depuis le début du séjour que 2 soirées sans précipitations. Et ma mémoire retiendra sûrement de cette belle expédition le doux bruit de la neige sur la toile de tente qui berce certes, mais qui inquiète celui qui doit conduire l'aventure en toute sécurité.

 

Au moment du départ (9 h 15) le Kan Tengri est dégagé et notre sommet est battu par les vents. Pour cette étape et contrairement aux deux précédentes j'utilise mes cordes d'attache de 30 m en 8 mm pour constituer une cordée de 5 et une cordée de 4.

L'arête se présente au départ comme une large croupe présentant une succession de montées et de descentes avec toujours la même structure : rocher (schistes) versant Kan Tengri et neige (corniches crevasses) versant chinois. Après quelques montagnes russes (sic) sans difficulté nous abordons un petit ressaut de 30 m (avec un gros rocher ocre a face plane a droite duquel il faut passer) où une traversée délicate donne quelques soucis à certains. Il y a une vieille corde fixe à demeure que je sortirai de la neige au retour qui permet de passer directement en main courante.

Après un replat on remonte sur la gauche une arête de schistes ocres formant escalier avec grosses corniches versant chinois (bien rester sur le rocher) puis quelques murs raides en neige mènent au premier sommet que l'on traverse jusqu'au col qu'il forme avec le deuxième sommet. Ce dernier présente une face de neige raide limitée à droite par une arête de schistes noirs sur laquelle on prends pied par une vire et un petit couloir, on reste versant Kan Tengri jusqu'a 6050 m où l’on reprends pied sur l'arête neigeuse jusqu'au sommet.

Nous y sommes à 13 h 30. Bonheur, célébrations, photos, casse-croûte. La visibilité est nulle, dommage ! au cours de la montée le vent a laissé place à la neige et au brouillard et nous redescendons dans une neige et un brouillard de plus en plus denses n'apercevant que de temps à autre nos traces de montée presque totalement effacées.

 

Montée/Descente : 565 m

Temps : 7 h 40

Distance : 1,4 km

 

 

 

J17 : 19/08/04

 

C 2 (5710 m) ABC (4330 m) et CB (3150 m) pour le groupe.

 

Au réveil c'est superbe et totalement dégagé sans vent pour une fois (photo du Kan Tengri, le maître des esprits au lever du jour). Cela nous ferait presque regretter de ne pas faire l'ascension aujourd'hui mais dès 9 h les nuages arrivent, les sommets sont pris, et nous descendons une fois encore dans le brouillard et les précipitations commenceront vers 17 h comme d'habitude.

Hier soir Sacha (notre guide consultant) m'en apprends une bien bonne : Kazbek le maître de Karkara, ne peut pas nous faire voler en hélicoptère depuis le camp de base le 21 comme prévu mais le 20 (business is business). Voici donc le plan, Sacha et les clients descendent directement au Camp de base et je reste avec Slava à l'ABC pour tout préparer pour l'hélicoptère qui vient nous récupérer le 20 au matin passe ensuite au CB, récupère hommes et matériel et nous emmènent tous à Karkara. J'en parle le matin à mes compagnons qui réagissent ma foi très bien devant l'idée d'une troisième très longue journée... Peut-être la perspective de plus de confort et d'une cuisine plus goûteuse, allez savoir ?

Tout le monde s'affaire à démonter le camp pendant que je mets à jour les cordes fixes du dessous. Les 150 premiers mètres peuvent se faire en main courante et les 50 derniers mètres en rappel. Les nombreuses chutes de ces derniers jours ont fini par faire de belles accumulations et nous descendons entre C2 et C1 dans 40 cm de fraîche et dans le "jour blanc" j'en profite pour tester ma trace GPS faite à la montée : ça marche pas mal !

Au ABC tout le monde descend avec Sacha et je reste avec Slava pour conditionner le matériel pour l'hélico de demain. En attendant c'est l'hiver il y à 20 cm de neige qui recouvrent les cailloux et c'est la première fois !

 

Descente : 1360 m où 2510 m

Temps : 3 h 30 où 7 h 30

 

 

 

J18 : 20/08/04

 

ABC- BC

 

Où le pire n'est pas toujours probable mais, rien ne me sera épargné !

Commençons au début...

En soirée, nous empaquetons les affaires pour l'hélico et allons nous coucher tranquilles, vers les 10 h espoir ! Je n'entends plus l'éternelle mélodie de la neige tombant sur la toile de tente, je tape un peu la toile pour la purger de la neige et je sens un énorme poids sur ma main. En fait, la neige n'a pas cessé de tomber, mais son accumulation sur la toile a fait disparaître le bruit... A 2 h nouvel espoir, le ciel est parfaitement étoilé et je me rendors convaincu que l'helico pourra  voler mais à 6 h, Ô déception,  la petite musique avait repris sur la toile de tente. Je ne sais pas si dans cette expé nous avons vu le bout du nez d'un anticyclone en tout cas, ce matin je vois la bonne vrai dépression, il y a 60 cm de fraîche au ABC et l'alti à pris 100 m ! Et quand je pense qu'a un jour près nous pourrions être coincés au C2 avec dessous des pentes raides et de la neige jusqu'au ventre, je sens quelques frissons me parcourir l'échine .

Nous finissons le rangement du matériel et préparons la DZ dans l'espoir d'une éclaircie mais rien ne vient et nous devons nous faire à l'idée de descendre par nos propres moyens cette longue arête de schistes très enneigée et le long glacier qui suit.

A 10 h nous démarrons dans le jour blanc encordés et crampons aux pieds, il faut rester à peu prés sur l'arête et prendre pied sur le glacier à 3830 m.

Encore une recherche d'itinéraire jusqu'au plat, on enlève corde et crampons, puis on descend le glacier en son centre et on le quitte par une entaille (torrent) dans la glace à 3390 m.

Dans cette étape j’ai récupéré Slava qui dévissait avec la corde, ce qui ne l’empêchait pas de me donner sans arrêt des conseils sur l’itinéraire, c’est fatiguant et ça empêche de se concentrer.

 

Montée : 45 m

Descente : 1115 m

Temps : 3 h 40

Distance : 5,12km

Trace GPS enregistrée : ABC- CB

 

 

J19 : 21/08/04

 

CB-Karkara

 

Très beau vol en hélico sur Karkara dans le beau temps revenu.

Dans l'après-midi nous louons des chevaux (1000 Tengés/heure) et nous offrons une grande balade dans la steppe. Le pied ! C’est pour moi une véritable révélation : marche, trot, galop, faire corps avec le puissant animal au milieu d'une nature sauvage, pouvoir passer un peu partout à sa guise et chercher l'harmonie avec la bête, un grand et nouveau bonheur.

Le soir, grande fête au bar avec nos chansons et celles des russes... Vodka et bierre coulent à flot.

 

J 20 : 22/08/04

 

Karkara-Almaty

 

Petit Déjeuner 7 h 30 puis départ dans la foulée, longues formalités douanières habituelles, photographes s'abstenir même si la roulotte bureau de douane est photogénique.

Balade au bazar à deux pas de l'hôtel pour une plongée dans la vie quotidienne Kazakh toujours secondés par notre fidèle et brillante interprète Dariya.

Dîner au même restaurant terrasse en plein air de la rue piétonne et animée.

 

J21 : 23/08/04

 

Almaty Paris

 

91Kg d'excèdent de poids à l'enregistrement ! Le chef d'escale m'annonce 600 $ ! Je négocie 200€...

 

Le 24/08/04

Et pour finir dans notre série les aventures des gares :

7 h au 50 rue des Tournelles (refuge Allibert), Odile, mon taxi habituel ne vient pas. Je suis en panne de portable batterie à plat elle ne peut pas me joindre et je ne peux même pas trouver son n° dans la mémoire de mon téléphone... Tout progrès technique entraîne sa dépendance... A 7h10 je me dis qu'il faut réagir, mon train est à 7h44 il faut aller jusqu'a la gare et surtout rejoindre le quai avec une dizaine de bagages (150kg).

Je prends ma guitare et mes papiers et je file de l'autre côté sur le Bd Beaumarchais laissant un tas devant le 50 rue des Tournelles. Un taxi s'arête et me suis il est étonné devant la quantité de bagages mais compréhensif, heureusement car le moindre contretemps peut me faire rater mon train, nous y logeons tout tant bien que mal et me voila avec mon petit tas (j'avais l'air d'un con ma mère !) sur le trottoir de la gare de lyon. Il est 7h25 y faut pas mollir ! Je fonce à l'accueil à l'opposé pendant que le taxi garde mon petit tas. A l'accueil, pas de porteur, il faut téléphoner, le temps passe et le taxi attend... Ca commence à m'échauffer ! Je  choppe 2 caddies avec 2 pièces de 1 €, heureusement préalablement préparées, et retourne au taxi. Entre temps le gars de l'accueil arrive son porteur est soi-disant là je retourne donc à l'accueil avec mes deux caddies, pas de porteur ! En voila un qui n'a pas l'air pressé de travailler et en attendant l'heure tourne et de guerre lasse je démarre à traverser la gare avec mes deux caddies côte à côte pour aller jusqu'au quai n° 15 en priant que le chargement ne se répande pas sur le sol a cause des cahots.  Bien sur ma voiture est celle de tête de rame il reste donc 500 m à faire sur le quai et je monte dans le TGV 3 minutes avant que les portes ne se ferment ! Ouf !

La SNCF a encore quelques progrès à faire en matière de service... Il faut dire que de nombreuses années au mépris du public n'ont pas arrangé les choses.

 

       Liste des Waypoints

  

 

UTM WGS84

 

   001    KARKARA                                 44T 352415   4726845   2212 m   001

   002    SOMMET EN HERBE                44T 357600   4723599   3378 m   002

   003    CAMP DE BASE                       44T 434217   4687597   3180 m   003

   004    COL CHINOIS                           44T 438912   4686899   4031 m   004

   005    CAMP DE BASE AVANCE      44T 437539   4683693   4348 m   005

   006    CAMP 1                                      44T 439006   4683720   5012 m   006

   007    CAMP 2                                      44T 438980   4682526   5710 m   007

   008    SOMMET                                    44T 439693   4681351   6127 m   008

 

 

Traces 

-         Camp de Base avancé (ABC) → Camp de base (BC)                 20/08/04

-         Camp 1 → Camp2                                                                       17/08/04

-         Camp 2 → Sommet (TP)                                                             18/08/04

-         Camp de base avancé (ABC) → C1                                            15/08/04

 

Les WP et les traces peuvent être transférées directement sur le GPS avec le logiciel GT 2002 grâce aux fichiers .gtr inclus dans le dossier « Road Book Marble Peak »

 

Planning d'ascension

 

 

J8

10.août

BC - ABC

J9

11.août

ABC - 4780 m - ABC

J10

12.août

ABC - C1(5000 m)

J11

13.août

C1 - 5470 m  - ABC

J12

14.août

ABC - repos

J13

15.août

ABC - C1

J14

16.août

C1 - C1(mauvais tps)

J15

17.août

C1 - C2

J16 

18.août

C2 - Sommet - C2

J17 

19.août

C2 - ABC ou BC

J18

20.août

BC - ABC

J19 

21.août

BC - Karkara

 

 

 

En conclusion : une belle expédition qui peut être dure selon les conditions météo. Heureusement il n'y a que 700 m dénivellation entre les camps. Mérite de devenir classique après quelques aménagements.