J15 : 10 octobre 2003.....Chukhung (4710 m) - Island Peak (6000 m) - Camp de Base (5100 m)

J'ai décidé comme les autres années d'aller équiper le sommet depuis Chukhung. Cette nuit un léger mal de tête me réveille à minuit et j'en profite pour regarder dehors : toujours le brouillard mais pas de précipitations, 0,5 g d'Aspegic et je me rendors heureux…
A 3 h 45 réveil instinctif avant le réveil qui doit sonner à 4 h. J'allume mes trois bougies le temps d'enfiler le pantalon de goretex et les "one sport" opération toujours un peu longue. J'ai suffisamment dormi et je me sens bien pour aborder cette grosse journée.
Je vais réveiller Dawa mon Sherpa et nous voila 1/4 d'heure plus tard au milieu de l'équipe de cuisine moitié couchée moitié nous préparant du thé. Nous partons dans la nuit. Je vérifie les pulsations ayant déjà eu quelques déboires d'efforts trop violents en altitude nous verrons que cela sera inefficace encore pour cette fois-ci !
Cette montée au Camp de Base au lever du jour est toujours aussi belle et toujours aussi longue.
Il faut ensuite attaquer la pente de l'Island peak et c'est peut-être ça qui est de trop après cette longue marche.
Pendant toute la montée je contrôle bien mon effort et jusqu'a la pause de la première corde fixe tout va bien, je phantasme même et voit comment gérer mon Everest avec Marc et Jean, les endorphines font leur effet et c'est assez euphorisant quand on se sent bien ainsi en altitude.

Puis nous arrivons à la pose de la première corde, il est juste midi, le soleil cogne, les pieux ne tiennent pas, il faut faire des gros trous et je me mets toute le long "dans le rouge" (au-dessus de 150 puls/mn) nous n'équipons que jusqu'a l'arête il est 14 h il faut redescendre. Je surveille mon pouls à la descente pour ne pas dépasser 140 et je descend comme quelqu'un d'extrêmement fatigué. Plus de rêve d'Everest mais plutôt d'acheter un voilier pour aller vers les îles au soleil. Mon pouls reste élevé longtemps après l'arrêt avec cette sensation désagréable d'étouffer et de savoir que je n'arriverai pas à m'endormir. Dès que je force trop en haute altitude, je me mets en dette d'oxygène et j'ai besoin de 6 h après l'effort pour retrouver un pouls et une respiration normale. C'est angoissant car cela touche à des fonctions vitales j'ai toujours peur de commencer un œdème où de ne pas pouvoir accompagner le groupe le lendemain ce qui ne s'est jamais produit.
Il est vrai qu'avec 1390 m de montée et 1020 m de descente pendant 11 h d'effort c'est complètement contraire aux règles de la montée en altitude. Et demain il faudra remonter. J'arrive quand même à m'endormir quand l'essoufflement diminue
Les expériences précédentes auraient pourtant du me servir de leçon !

Montée : 1390 m...Descente : 1020 m...Temps : 11 h.....Pouls max : 165...Pouls moy : 135...Pouls min : 93
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