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Partir ? esquisse de réponses
Revenir aux fondamentaux de la vie.
Besoin de changer cet horizon familier, brisé, montagneux, vertical, et qui m’a fait vivre, pour un horizon terriblement rectiligne, que l’on n’atteint jamais et qui vous fait vivre autrement, peut–être ?
Autres sentiments, autres rencontres, sortir un moment d’une certaine routine qui finit par s’installer, mais sans illusion, on ne se fuit soi-même ni son destin.
Ni le destin commun à toute humanité, mais reculer ce destin commun encore un peu tout comme cet horizon qu’on n'atteint jamais.
Le doux sentiment de renaître l’illusion de réparer, quitter pour un moment tous ces artifices, ce confort et en comprendre le sens après en avoir été privé.
J’entends d’ici les commentaires : "Égoïsme" ! Peut être, mais je ne demande qu’a partager mais dans la même vision des choses et du monde.
Et puis doit-on forcement s’entourer d’une quelconque cause humanitaire, écologique ou autre pour aller parcourir le monde ?
A choisir je prendrais le truc le plus consensuel du genre : "retour aux lumières et contre l’obscurantisme" en ce siècle qui s’égare et rétrograde, à trop se reproduire l’homme perdrait-il son humanité ?.
Attrait de l’inconnu et des rencontres de hasard…
Et la curiosité, simplement, restons curieux…
Vieux rêve, vieux voilier, vieux bonhomme, courage !
Ultimes préparatifs
Régulateur d'allure, trinquette sur étai larguable à demeure, essais en mer, le vieux Cocagne n'a jamais été aussi paré pour le large !
Avitaillement quasi fini, aviron et dame de nage commandés. J'ai enfin reçu le désalinisateur made in USA payé il y a 6 mois ! Moult bricoles, il en reste toujours, mais guettant le piège du "projet qui jamais ne largue les amarres" j'attend le bon vouloir de dame météo et le golfe du Lion fait montre de son humeur automnale piégeuse, habituelle : nulle envie de retomber dans le piège.
Samedi 19novembre 2022 : 40 Noeuds de vent (74km/h !) dans le golfe du Lion, redoutable et redouté passage, une des mers les plus dangereuses. Nous étudions la météo pour une traversée du golfe la semaine prochaine : vents forts, vents faibles, vents tournants, ce n'est pas simple...
Erare humanum est, perseverare diabolicum est...
Jeudi 24/11/2022 : faux départ
Réveil 4h, départ 5h, première navigation de nuit dans le golfe de Fos : complexe, avec tant de lumières, de repérer les bouées cardinales.
Moteur jusqu'a la "Balancelle", dernière bouée avant le large. le vent monte doucement, je vais au pied de mât prendre 2 ris, le genois partiellement déroulé, et puis là, tout à coup, le phénomène survient : essoufflement, nausée et me voila de nouveau zombie au fond du cockpit à me dire que, décidément, ce n' est pas possible dans cet état d' enchaîner une journée et une nuit.
Les yeux mi-clos, j'arrive, malgré tout, entre les spasmes et les tentatives infructueuses pour vomir à calculer l' azimut du 1/2 tour et me voici me voila retournant sur ma trace me sentant de mieux en mieux. Arrivée à bon port à 15h, dubitatif, perdu dans le questionnement.
Il reste à utiliser le retour d'experience : est-ce la peur qui me donne le mal de mer ou est-ce le mal de mer qui me stresse et m'aneanti au point de me rendre semi-comateux ? les deux mon capitaine
Mercredi 30/11/2022, vrai départ : de Port Saint Louis du Rhône à Roses (Espagne)
N'etant pas encore parti, mon camarade Yvon Coliot, de retour du Népal, me rejoint au port.
Nous choisissonsle mercredi comme jour du départ. Vingt à trente noeuds de vent sont prévus dans le golfe du lion. Ce qui est raisonnable pour se lancer dans la traversée .
Départ 7h le 30/11 de Port Saint Louis du Rhône arrivée à Rosas ( Espagne Catalogne) le 1/12 à 9h (115 miles nautiques, 26 heures de navigation, vitesse moyenne plus de 5 noeuds).
Solitude, nuit, grosses vagues argentées sous la lune, vent qui gronde et siffle, frousse, froid, mal au coeur, nature puissante et sauvage, engagement, Cocagne file et roule dans la nuit : expérience unique et forte pour les apprentis marins...
Yvon, malade après quelques heures, est bloqué dans le cockpit jusqu'a ce que je le convainque, sur la fin de la nuit, d'aller sur la couchette et fermer les yeux, ce qu'il fait et trouve un peu le sommeil.
Quand à moi, un peu vaseux et tendu, je parviens, au prix de pas mal d'effort, à regler le regulateur d'allure - merveilleux appareil qui barrera tout le long - et à rejoindre le pied du mât chaque fois qu'il est necessaire : 1ris, 2ris, 3ris, puis génois seul et roulé.
4 heures après le départ Yvon profite des heures chaudes des trop courtes journées de novembre
Cliquer pour voir notre trace en jaune sur la carte
En fin de nuit je "sous-toile" volontairement à la vue des lumières de la terre pour éviter un atterrissage de nuit ce qui à posteriori n’aurai pas été un problème avec la précision des cartes électroniques.
Grand voile affalée et petit bout de génois devant, nous voguons encore à 3 nœuds et malgré cela nous enregistrerons une vitesse moyenne supérieure à 5 nœuds.
Personnellement légèrement nauséeux et un peu stressé, je manœuvre, et adapte la voilure à la force du vent qui ne faiblit toujours pas en approche de la grande baie de Roses, un peu impatient d’être à l’abri.
A peine sur le quai Yvon prend son téléphone pour chercher une solution pour rentrer : taxi, train, mais c’est compliqué avec des grèves et un site de la SNCF toujours aussi peu ergonomique. Il finit par trouver une solution et nous nous séparons. Il me dira après qu’il regrette de ne pas avoir continué ; souvent, la souffrance passée, on oublie…
Espagne, Roses, Pyrenées en toile de fond
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