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J46 Lundi 19/05/08
C2 (6350m) C3 (6950m)
Les nuages sont l'âme des montagnes, le vent est leur souffle.
Réveil 4h30 départ 6h.
Aujourd'hui est un grand jour, nous montons dormir au C3 et n'en redescendrons pas sans avoir essayé la déesse mère du monde, avec sa permission bien sûr. Elle nous domine et nous impressionne encore tellement. Ça fait si longtemps qu'on attend ça, qu'on la courtise la haute dame ! Un sentiment contradictoire de crainte et de désir m'habite (de yeti).
En montant au sommet de ce long C2 qui s'étire, je me dis que ce serait un programme bien progressif de faire une halte au C1 et d'aller faire un camp 2 tout en haut, c'est large et plat et loin de la face, ça présente aussi l'avantage d'être à moins d'une heure de la face du Lhotse. Bref, ça m'étonnerait que je revienne pour mettre en place un tel programme...
Nous montons régulièrement à un rythme correct, l'acclimatation fait son effet, mais en arrivant sous la face nous sommes cueillis par un vent d'enfer qui nous glace car nous n'avons que la tenue alpine, ayant laissé la tenue duvet au C3, une bonne occasion de tester la qualité des chaussures et des moufles, mais nous avons un peu froid aux fesses dans nos petits pantalons monocouche des Alpes.
Heureusement, nous arrivons à midi au C3 et avons le temps de nous refaire une santé.
Nous testons les 4 bouteilles d'oxygène qui se trouvent au C3, 2 sont à 30 l et 2 à 25 l sur 40 l...Des restes d'autres expéditions je suppose, ce qui suffit pour le camp 3, dommage, une bouteille pleine est restée au camp de base.
Je crois que Nima a un peu de mal à faire les 1700 m entre 6300 et 8000 avec un sac de charge. C'est vrai que c'est un peu fou, mais rien ne les empêchait d'équiper les camps progressivement. A leur décharge, il y a eu ce contretemps chinois. Bref on s'adapte...
Appel téléphonique de Marc Lubin pour éclaircir la météo; en effet notre routeur météo confirme bien une fenêtre de calme à partir de demain (mardi 20/05) à 18h pendant 40h, ce qui nous arrangerait bien si cela se vérifiait.
M : 700m -160m/h
D : 70m
Tps : 6h
Pouls : 60/122/145
Sous toute réserve car la ceinture donne des valeurs fantaisistes. J'aurais dû changer la pile en même temps que celle de la montre. De plus elle descend avec le sac à dos et se déconnecte... Pas évident.
J47 Mardi 20/05/08
C3 (71 50m) C4 (7960m) et début de l'ascension jusqu'à minuit...
Etait-ce bien raisonnable ?
Et contrairement à une pensée gaullienne les chemins escarpés ne sont pas toujours les moins fréquentés.
Nous avions prévu de partir à 5h, finalement nous partons à 6h. Je suis réveillé depuis 3h30, mais j'ai laissé dormir la petite marmotte qui est à mes côtés, et les préparatifs sont longs. Pour notre deuxième nuit au-dessus de 7000m, ça ne se passe pas trop mal... Toujours cette angoisse d'entrer dans la « dead zone » (c'est plus impressionnant en anglais), mais finalement nous n'utilisons pas l'oxygène qui était prévue pendant la nuit.
Par contre, à l'effort au delà des 7200m, c'est une autre paire de manches. J'ai parlé avant du poisson hors du bocal dans la zone des 5/6000, ici c'est le supplicié à qui l'on fourre un mouchoir dans la bouche tandis qu'on lui pince le nez ! La sensation d'étouffement et d'une respiration haletante qui ne suffit plus aux besoins arrive immédiatement comme une détresse.
Au début, seule AG porte le masque (il faut porter la bouteille qui pèse 4kg dans son sac) et je grimpe sans, puis très vite je comprends que je ne suis pas venu faire un Everest sans oxygène et que tant qu'à porter une bouteille autant l'utiliser. Et l'Everest sans oxygène c'est une chose à prendre très au sérieux, d'ailleurs tous les sherpas l'utilisent à partir du col sud et même la nuit.
Au début, le réglage du débit nous a posé quelque problèmes : il faut donner assez de débit pendant l'effort, sinon on a envie d'arracher le masque pour reprendre sa respiration (il y a 4 niveaux avec les intermédiaires, 2 à 3 pendant l'effort c'est un bon compromis)
On démarre, il y a un monde fou, on est en plein paradoxe : un des endroits au monde les plus difficiles, les plus sauvages, les plus violents, les plus dangereux et les plus chers, avoir comme ça des représentants du monde entier à la queue leu leu, sur les cordes fixes dans cette raide face du Lhotse, il y a de quoi se poser des questions sur la nature humaine.
Difficulté et affrontement nous attirent, ici on arrive vite au moment où la moindre force s'échappe de votre corps, on s'assied au milieu du chemin et l'on s'endort, est-ce cet accès au corps simplifié que l'on vient chercher ici ?
On est là avec nos groins et il ne fait pourtant pas un temps de cochon, à marcher vers le même but, le fameux col sud. La pente soutenue, (35/40°) est en glace vive, ce qui rend difficile la pose des pieds, elle nous oppose une forte résistance et plus l'air s'allège plus le corps s'alourdit.
Je la vois encore cette étrange caravane de bibendums, multicolores, méconnaissables et silencieux, dont émane de temps à autre quelques souffles rauques de yaks à travers le masque, s'étirer lentement, pendue à son fil d'Ariane, en contre jour sur les arêtes aplaties du Lhotse. A gauche, on rêve à un peu de repos, peut-être? La traversée du grand couloir au bout de laquelle on aborde la bande de rochers jaunes.
Pendant cette montée, pris de remords, je me dis que je ne dirai presque (restons prudent) plus jamais de mal des sherpas de l'Everest. Eux n'utilisent l'oxygène qu'à partir de 8000 et portent le matériel collectif, tentes, réchauds, vivres, oxygène, des sacs de 30kg dans l'oxygène rare, chapeau ! En ce sens notre "exploit" est subordonné à la présence de ces "hommes de bât" je ne l'oublie pas... Et les grands himalayistes s'étendent assez peu sur le sujet : la part d'autonomie.
Il est certain que s'il n'y avait pas cet énorme service : fil d'Ariane du camp de base au sommet, camp de base avancé avec cuisine, portage, oxygène, etc, nous n'en serions pas à 2000 ascensions et 300 de plus chaque année. Cela dit, même dans ces conditions optimales, cela reste à la limite des possibilités physiques d'un sportif de bon niveau.
Nos deux sherpas nous ont doublés juste après le départ du C3 et nous attendent au C4. Nous continuons notre progression lente et régulière, nous sommes partis un peu tard ce qui nous laissera peu de repos au C4. Après la bande de rochers jaunes particulièrement essouflante avec les crampons, une nouvelle bande de neige bien raide sous le dernier camp du Lhotse, la traversée de l'Eperon des Genevois et un replat, le tout dans la caillasse, mènent au camp que nous atteignons à 18h.
Nos sherpas Nima et Ang Tsering ont tout préparé, eau chaude, soupes, etc...
Il nous reste 3h avant de partir pour le sommet, 1h est consacrée à se réhydrater et à se restaurer, les 2 autres à dormir sous oxygène. Bien qu'étant à 8000, ça a été un moment très agréable, l'oxygène en effort c'est indispensable et au repos c'est régénérateur, cela provoque un sommeil léger peuplé de doux rêves.
Nous sommes tous les 4 pêle-mêle dans la tente, nous tenant chaud, bienheureux, l'air naturel manquant, de respirer notre air en bouteilles.
Merci à nos sherpas d'avoir porté 14 bouteilles à 8000m.
Moment agréable et trop court... à 21h, encore à mes rêves, je saute sur mes crampons dans un état second, toujours le masque sur le nez. Le ciel est clair, la lune est pleine et il ne fait pas très froid. Et c'est à nouveau la longue caravane de lucioles muettes qui, groin sur le nez et poignée branchée, remonte dans la nuit claire et douce les cordes qui mènent au sommet, tout d'abord dans la raide face sud, plutôt caillouteuse cette année.
Ensuite, par une traversée ascendante à droite, on rejoint la superbe et aérienne arête sud à l'endroit nommé "Balcony" (l'épaule) par les sherpas.
Je marche, plutôt endormi, dans les pas d'Anne Garance que nous avons "coincée "entre Ang Tsering et moi. Un peu avant nous avons regardé au manomètre et avons considéré que ma réserve devait être suffisante, mais peu avant le Balcony j'éprouve soudain une immense difficulté à suivre. La source est tarie, la bouteille est vide, c'est l'étouffement insupportable, plus de jambes. C'est le propre du précieux gaz quand on le respire au-delà de 8000m, rien ne paraît luxueux, mais si l'on en est tout à coup privé il faut cesser tout effort au risque de le payer cher.
Heureusement, la "station service" du Balcony arrive, les sherpas sortent de leurs sacs des bouteilles pleines et nous les échangent. Et ce n'est que pfuuiitt qui fusent dans la nuit claire et douce et nous ramènent aux réalités, nous sommes bien sur l'arête sud de l'Everest à 8250m et il est minuit et la fête continue...
Tps : 11h53 dont 3h avant minuit
M : 847m - 120m/h sous O2
J48 Mercredi 2 1 /05/08
Balcony (8250m) sommet (8848m) col sud (7960m)
Merci ô déesse de t'être laissée séduire
Et nous avoir acceptés en ton mortel séjour sans déchaîner tes foudres pendant 36h.
Minuit... La marche reprend sur cette belle et raide arête, on pourrait se croire dans les Alpes si ce n'était notre accoutrement "bibendique" et "cochonesque" d'explorateurs de surface (de l'atmosphère)
Ça bouchonne. A chaque arrêt, mon cerveau se perd dans des rêves subconscients qui doivent durer quelques fractions de secondes. Ça doit être ça dormir debout, et à tel point que ça commence à m'inquiéter, vais-je m'endormir vraiment ? Et puis, le jour se lève et tout s'éclaire doucement, plateau tibétain à droite avec, à l'infini, brillance de lacs, de glaciers, de moraines, derrière nous l'arête plonge dans la nuit et nous indique le majestueux Makalu. A notre gauche, au-delà de l'arête du Nuptse qui délimite la profonde combe ouest, les sommets familiers du Kumbu : Ama Dablam, Thamserku, Kang Taiga, Mera Peak, etc... Le tableau inversé de la vue sur l'Everest que je connais de certains de ces sommets.
L'arête se redresse, ressauts rocheux bardés de cordes sur lesquelles tout le monde se tire allègrement, les crampons crissent sur le rocher, les respirations raisonnent à travers les masques. Il y a la queue, ça permet d'admirer les changements provoqués par la montée du soleil et puis ces pauses forcées arrangent tout le monde finalement. Le sommet sud semble tout proche, mais demande encore quelques efforts, nous sommes devenus patients, lents, mutants. Nous y sommes enfin, l'espoir gonfle, on voit le but : petite brèche d'où l'on peut voir au fond, dans l'ombre, les tentes du C2, puis ressaut Hillary et au bout de l'arête le sommet que l'on devine.
Petite pause, tout le monde a bien tenu le coup. On fait le point de l'oxygène avec les sherpas et on continue, célèbre ressaut Hillary qui ne laisse passer qu'une personne et cette arête qui n'en finit pas, mais quelle importance, on sait désormais que la déesse nous accepte.
Ça y est nous y sommes au point mythique et ultime de la planète. Jamais aucun de nos pas ne pourra nous porter plus haut.
Il est 9h30, l'altimètre indique 8650m, il faudra revoir les altitudes ! Et le baromètre 280mb ! Vite le masque !
Étreintes, photos, coups de téléphone, larmes, offrandes, émotion, le temps passe à toute allure et quand nous décidons la descente, il s'est écoulé 40mn sans que personne ne se sente pressé par le froid. Conditions rares je suppose en cet endroit, j'apprendrai par la suite que ce jour là 70 personnes sont arrivées au sommet.
Les sherpas filent devant sans demander leur reste et je guide Anne Garance. Nous croisons de nombreux grimpeurs dont un attire particulièrement mon attention. Je le félicite et le questionne car il est sans oxygène. Il est Suisse et à ma demande me donne son programme préparatoire. Il me semble rapide, il m'impressionne d'autant plus, mais je ne connais pas ce Suisse...
Nous arrivons au-dessus du ressaut Hillary. Depuis le sommet sud, Ang Tsering me demande l'autorisation de descendre avec Nima... Accordée, le guide deviendrait-il utile ? Ang Tsering laisse le thermos de 1/2 litre de AG, d'ailleurs vide, qu'il a porté au sommet sud. Le thermos ne semble pas être la solution pour ce genre de sommet, comme dans toute course un peu longue il faut minimum 1 litre et c'est lourd. La gourde avec enveloppe iso style "Sigg" semble bien adaptée. Boissons et vivres font partie du matériel de survie indissociable de l'alpiniste qui ne doit pas être sujet à une économie de poids. C'est la leçon à retenir.
Notre descente continue. Cette descente qui a tant noirci de papier : je ne sais pas où j'ai lu que monter à l'Everest était à la portée de beaucoup, mais que la difficulté était d'en descendre... Certes.
Un peu inquiet sur nos réserves d'O2, je passe un coup de radio à Ang Tsering qui nous a laissé tomber au moment délicat. Il me parle des bouteilles du Balcony dont certaines ne seraient pas vides...
Finalement, ça va très vite, cette arête est si raide et vachés sur les cordes en main courante, assurant les pieds pour éviter les déséquilibres, grands consommateurs d'O2, nous progressons bien.
Au début de la descente nous croisons le sultan d'Oman. Cela fait plusieurs fois que nous le voyons souffrant du mal des montagnes, mais là il est carrément inerte, le vase d'expansion de son masque ne bouge plus et je vais jusqu'à lui prendre le pouls pour vérifier qu'il est encore vivant, il l'est. Impossible de le réveiller, endormissement profond ou perte de connaissance ? Son sherpa a une radio, nous le prévenons de la gravité de la situation et le laissons gérer.
Moi qui était anti-arrêt en montagne, j'ai découvert à l'Everest ce que j'appellerais la pause népalaise : on plante bien toutes les pointes dans la neige face au vide et on pose les fesses tout contre les talons, puis le sac à dos près des fesses ce qui libère les épaules... Deux minutes de ce traitement et le souffle revient... Au-delà de 7000 m, le simple fait de charger un sac dépassant 10kg essouffle, c'est aussi pour cette raison que les sherpas qui portent notre O2 (4kg/bouteille) doivent prendre de l'oxygène.
Et nous sommes assez vite au Balcony devant le cimetière de bouteilles. La première que je choisis contient encore 10 litres, de quoi descendre sans problème jusqu'au C4, Anne Garance en a suffisamment dans sa bouteille. Nous voici dans la face sud qui domine le col sud, elle est très sèche cet année et les raides éboulis de petites pierres donne quelques difficultés en crampons à tel point que Anne Garance dans un grand écart réussit à déchirer sa salopette en duvet à l'entre-jambe. C'est à peu près à cet endroit, à quelques mètres de la trace, que nous avons fait la rencontre macabre : un corps allongé là, qui était-ce ? Depuis quand ? Que lui était-il arrivé ? Il garde son histoire de mort momifié de l'Everest et nous continuons notre route...
La pente s'élargit, redevient neige, quelques rappels et nous arrivons au col sud.
Nos sherpas nous préparent de l'eau, quelques soupes, nous sommes déshydratés et nous nous installons pêle-mêle dans la tente, chacun sa bouteille d'oxygène réglée sur bas débit pour un sommeil sécurisant, heureux et réparateur.
C'est vrai, nous avons du mal à réaliser, nous l'avons fait et c'est bon de s'éveiller avec cette idée.
M/D: 900m
Du C4 au sommet 12h30
Du sommet au C4 6h
J49 Jeudi 22/05/08
Col sud (C4 7960m) C2 (6550m)
Tous les habitants de la belle province ne sont pas cool.
Malheureusement au matin les mauvaises nouvelles viennent brouiller notre joie, on nous annonce 2 décès dans la nuit. Le Suisse sans oxygène décédé dans la pente à 1h30 et le sultan d'Oman. En apprenant ça je me culpabilise de ne pas lui avoir fait une piqûre de corticoïde et je me dis qu'il devait avoir toute la pression de la nation derrière... Et puis, coup de théâtre, le sultan n'est pas mort, les sherpas lui ont monté de l'oxygène et un sac de couchage et il a survécu... Miraculé !
Après quelques préparatifs nous quittons le col sud avec nos 2 sherpas chargés de la tente et de l'oxygène déjà consommée. Ils redescendent seuls, le guide redeviendrait-il encore utile ? Je prends la bouteille que je n'ai pas finie dans la nuit et AG descend sans O2 (bravo !). Il neigeote et les rochers sont glissants dans la traversée. Nous ne tardons pas à mettre les crampons. Je m'avance à l'endroit du franchissement de l'Eperon des Genevois pour voir si la voie est libre pour la descente et je reçois des remarques des Américains qui arrivent dans l'autre sens, le peuple le plus donneur de leçons de la terre, me disant que ce n'est pas un endroit pour s'asseoir. Leçon pour leçon je leur fais remarquer qu'ils n'ont pas mis les crampons et que c'est dangereux.
Nous continuons la descente sous la neige tombante qui commence à s'épaissir. Nous optons pour le rappel dans les rochers jaunes et au passage de la dernière corde qui mène au couloir un Québécois veut doubler, il nous bouscule, nous stresse, je lui explique qu'il peut faire comme nous tous, attendre son tour.
Cet homme-là ne me paraît pas très honnête, déjà il prétend revenir du sommet alors que cela me paraît impossible. Bref je finis par entamer un court rappel pressé par ce Québécois alors que Anne est sur une autre corde parallèle.
Juste avant, Ang Tsering m'avait joint à la radio et je lui avais demandé de patienter mettant momentanément ma radio dans la poche avant de la salopette. Au moment où je finissais mon rappel la corde d'Anne Garance a croisé la mienne projetant la radio dans le couloir. Je l'ai vue glisser et s'arrêter dans la neige 50m plus bas. Je me libère de la corde pensant descendre la chercher, mais dès les premiers pas je trouve de la glace vive sous 10 cm de neige, trop dangereuse à descendre avec 1 seul piolet classique. Il se fait tard et la route est longue... prudence. Abandon.
Calmés et laissant l'excité passer devant, nous traversons le long couloir. Il neige et le jour décline mais je suis serein, je sais que nous n'arriverons que dans la nuit, mais peu importe, nous ne sommes pas épuisés et nous avons des frontales. Nous pratiquons des arrêts réguliers, accroupis face à la pente pour décharger les épaules et retrouver le souffle. Mon souci c'est de trouver une radio pour prévenir Ang Tsering qui doit se demander ce qui se passe... Après plusieurs essais infructueux, je finis par trouver un sherpa qui en possède une et qui veut bien me la prêter. Je contacte Ang Tsering, lui explique ce qui se passe, en fait il ne se faisait pas de souci !
Pour tout remerciement je ne parviens pas à lui remettre sa fréquence d'origine que je n'ai pas vraiment mémorisée.
Nous retrouvons bientôt le camp 3 ou tout a été récupéré par les sherpas (merci), ils n'ont laissé que nos bâtons. Notre descente continue dans la nuit tombante avec les nuages qui s'estompent, Chomolongma fait une dernière et diaphane apparition.
La nuit nous surprend, Anne Garance est toute contente de terminer la descente ainsi, on descend en rappel chacun sur une corde, elle est capable d'évoluer en autonomie et trouve cette activité intéressante. Nous continuons après la rimaye, tranquillement, les muscles commencent à tirer, nous avons dépassé les 10h. Maïla vient à notre rencontre avec de la boisson chaude qui nous requinque après un tel effort et c'est le repos bien apprécié au C2.
Au dîner, Ang Tsering se risque à nous parler de descendre demain, refus catégorique d'Anne Garance pour qui une journée de repos ne semble pas superflue… Elle n'est pas la seule, mais il insiste lourdement, nous obtenons que le cas soit réexaminé le lendemain…
M : 56m
D : 1620m - 240m/h
Tps : 11h
J50 Vendredi 23/05/08
C2 (6350m)
Le sherpa en colère crache le feu
Suite à la discussion d'hier soir, Ang Tsering revient plusieurs fois à la charge pendant tout le petit déjeuner essayant de me convaincre de l'absolue nécessite pour nous de descendre aujourd'hui, tous les arguments y passeront : pas assez de nourriture, cela les oblige à remonter, qui décide du programme, réponse : c'est moi, le chef d'expédition et l'argument le plus bas nous ne pensons pas à eux, nous les vilains Occidentaux qui exploitons les pauvres sherpas...il est très en colère, mais ça retombe vite et ils se font une charge de 40kg avec Nima et descendent dans la bonne humeur. De toute façon Anne Garance dort encore à poings fermés elle a besoin de récupérer, après les 3 jours fous que nous venons de vivre cela peut sembler normal.
Le soir à la vacation de 18h j'ai Ang Tsering à la radio il ne remontera pas le lendemain, mal au pieds dit-il, il en a surtout marre des portages, de l'ice fall, on peut le comprendre, les sherpas d'altitude bien rémunérés sont en sous-effectif et se chargent d'un pénible travail de portage sur des distances et à des altitudes très dures en ce qui concerne l'Everest.
Les nôtres ont fait 3 aller-retour C2-C4 pour équiper le C4 en oxygène (14 bouteilles), tente nourriture, réchauds, c'est très violent physiquement.
A propos des bouteilles, je me suis renseigné, il semble ne pas y avoir de règle, elles sont juste consignées (40 à 60 $) ce qui oblige les sherpas à en redescendre le plus possible, il en reste encore pas mal abandonnées sur la montagne, mais c'est supportable.
J51 Samedi 24/05/08
C2 (6550m) CB (5540m)
Ah ! le bonheur du bercail en perspective et pour la dernière fois cette icefall toujours aussi longue.
La cuisine où tout le monde s'active et où il fait bon sentir outre celle des fourneaux la chaleur humaine de la vie retrouvée. La douche où l'on découvre des courbes adolescentes... Et oui Micheline plus de poignées pour s'y accrocher ! Ca a bien le temps de revenir va !
Nous arrivons à négocier avec Ang Tsering toujours pressé (sa maison est à 3 jours de marche) 1 jour de repos préparatifs au CB. C'est un peu comme ces guides de Cham qui bousculent le client pour être chez eux le soir...Visite du jeune cousin d'Ang Tsering, dépourvu d'humour et assez suffisant, qui étale son CV complaisamment 5 Everest 5 Ama Dablam et alors ? Ce n'est pas de la montagne qu'ils font c'est du ramassage scolaire. Je préfère la compagnie des sans grade, cook, kitchen, modestes porteurs, humains et tout aussi méritants.
Nouveau tournoi de yams avec AG. Ma chance est incroyable : 6 yams dont 2 à la demande... Micheliiiiiiine !
M : 86m
D : 1086 - 340m/h
Tps : 6h20
J52 Dimanche 25/05/08
CB (5350m)
Il faut tout plier tout peut se plier, qui s'enfuit déjà . Oublier le temps des malentendus et le temps perdu etc... (Pierre Desproges)
Préparatifs, les 5 yaks sont là au milieu de la glace et des cailloux, nous préparons pour eux les sacs qui seront acheminés directement à Lukla. Le reste étant confié au dos des porteurs pendant nos 3 jours de descente jusqu'à l'aéroport de Lukla.
Ambiance de fin de partie, plateformes sans tentes, hôtels désertés, radio en sourdine, notre équipe claque consciencieusement son argent au poker, les billets de 1000 roupies passent de main en main, tandis que le soleil se couche derrière le Pumori.
J53 Lundi 26/05/08
CB (5300m) Pangbotche (4000m)
Adieu déesse, ce soir au pied de ta parure (Ama Dablam )
Les porteurs arrivent au CB espérant trouver une embauche, les charges se constituent, tout ce qui n'est pas transportable par les yaks - trop fragile ou qui doit rester avec nous - se retrouve sur le dos des six porteurs dont nous avons besoin. Cela constitue comme toujours des charges phénoménales, d'autant que certains choisissent la double charge (entre 40 et 60 kg) pour avoir la double journée de 500 à 1000 roupies (10€).
Aujourd'hui maman a 88 ans étonnant non ? 88 ans 8848m 2008 serait-ce le 8 mon chiffre fétiche et non le 7 comme je l'ai longtemps cru. Beau joujou ce téléphone satellite qui permet de garder le contact et de souhaiter un joyeux anniversaire à sa maman depuis Gorashep (5350m) à 7000 Km de distance.
Départ 9h40, arrivée au pas de charge à Lobutche à 14h pour le lunch.
Ah la première gorgée de bière ! Quel plaisir et pas si minuscule que ça.
L'expérience est une lanterne qui n'éclaire jamais que le chemin déjà parcouru...
Je le sais pourtant qu'à la descente ils ont tendance à rallonger la sauce, je l'ai compris pourtant qu'Ang Tsering est pressé de rentrer chez lui et bien je me suis encore fait avoir dans ses programmes exagérés. Nous nous sommes déjà battus pour un jour supplémentaire au C2 et au CB, mais là je me suis fait avoir, total 9h d'étape arrivée 18h30 et porteurs loin derrière. Ang Tsering est un bon sherpa d'altitude, mais c'est un sirdar par trop directif, il impose d'abord et demande l'avis après, avec les autres sirdars j'avais l'habitude d'être consulté avant toute prise de décision, cela évite ces situations scabreuses où les clients arrivent sur les genoux à l'étape sans leurs affaires restés sur les porteurs dans la nuit.
Les sherpas arrivent 1h30 plus tard avec les porteurs. Nima complètement ivre et plutôt gai et Ang Tsering ivre et en fureur défait les charges à coup de pied, s'installe en face de nous et commence allusions et griefs, il est très remonté et l'alcool aidant le ton monte. Il ne supporte pas que je me sois plaint auprès de Maïla de la trop grande longueur de l'étape et que nous n'ayons pas stoppé à Pheritche. J'avais bien envie de m'arrêter à Pheritche, mais les cooks ayant disparu, j'ai pensé que le staff désirait qu'on descende jusqu'à Pangbotche, donc incompréhension complète. Parti sur sa lancée agressive, Ang Tsering déballe ses griefs sur les guides Allibert et qu'il a beaucoup travaillé pour cet Everest, que son travail se termine au camp de base, etc... Dommage de gâcher la fête ainsi. Nima continue de boire et de payer des bières et la soirée se prolonge dans une fête dansante improvisée, commencée dans la gêne et tout le monde met du sien pour faire oublier la colère du sherpa alcoolisé.
M : 237m - 200m/h
D : 1530m - 390m/h
Tps : 8h45
J54 Mardi 27/05/08
Pangbotche (4000m) Namche Bazar (3500m)
Sur le plancher, les vaches rêvent…
A jeun, revenu à de meilleurs sentiments, AT reste avec nous pour cette étape qui ressemble à une étape plus classique de trek.
Arrivés à Namche, nous allons chercher sur Internet des nouvelles du monde. De notre monde. J'y découvre les mails de mon aimée et messagère de cette aventure vécue chacun à notre manière, ses textes sont beaux et émouvants et les réponses sont souvent drôles et inattendues et c'est une autre part du bonheur de ce voyage dans l'inconnu, donner à rêver, à gamberger à ceux du plancher des vaches.
M : 555m -260m/h
D : 1000m - 470m/h
Tps : 6h12
J55 Mercredi 28/05/08
Namche (3500m) Lukla (2800m)
Nous quittons Namche vers 8h30. Lunch à Phakding et remontée sur Lukla. Ce long parcours un peu fastidieux, tant de fois parcouru, me semble étrange aujourd'hui... Pas de touristes sur le chemin, que des porteurs et des dzos, ça sent la fin de la saison.
Nous nous arrêtons dans la maison de Nima qui a perdu sa femme et qui vit avec sa fille aînée, un de ses garçons est lama en Inde et l'autre est élevé par sa mère. Très accueillant, il nous inonde de bières, de pommes de terre bouillies et de gâteaux secs.
Nous continuons notre route, l'arrêt suivant c'est la maman d'Ang Tsering qui nous mitonne pommes de terre et pousses de bambous avec de la bière, nous finissons quand même par arriver à Lukla où nous sommes installés dans un hôtel du centre. Nous y retrouvons la très sympathique délégation vietnamienne (4 premiers vietnamiens au sommet) qui continue à célébrer avec force bières.
Tps : 8h avec de nombreux arrêts
M : 680 - 290m/h
D : 1200m - 510m/ h
J56 jeudi 29/05/08
Lukla (2800m) Katmandou (1350m)
Gourmandise quand tu nous tiens…
Accueil d'Aschok à l'aéroport, puis installation au Shanker et autour d'un thé petit "debrieffing" de l'expédition.
Vers 10h, tenaillé par la faim, me voila échoué devant la pâtisserie du l'hôtel Shangri La après avoir subi un échec dans les jardins, car ils en sont encore au petit déjeuner, toute volonté finissant je m'offre un capuccino (bon comme là-bas) accompagné d'une frangipane, d'un pain au chocolat et d'un croissant... Faiblesse de retour d'expédition où l'on connaît vraiment la faim ! Avec les mangues qu'on achète dans la rue, ça constitue un excellent déjeuner. A propos de mangue, si quelqu'un peut m'expliquer comment on mange ce fruit proprement… La pâtisserie du Shangri La : à recommander vivement pour les gourmands routards ou pas.
En début d'après-midi Mrs Hawley me rend visite pour consigner tous les détails de notre expédition, dates, horaires, etc.
Le reste du temps est consacré à Internet, nettoyage de la boîte mail qui déborde et qui rame et début de réponses aux nombreux messages de sympathie.
J57 Vendredi 30/05/08
KTM (1350m)
Les copains d'abord…
Tri des affaires qui doivent rester à Katmandou pour l'Ama Dablam de l'automne prochain, puis visite aux bureaux de Thamserku. A 9h il n'y a pas grand monde, mais Sonam est annoncé sur la route.
Il me reçoit dans son bureau de "manager director", j'aime bien Sonam, vieille amitié, nous nous portons une confiance mutuelle jamais démentie, il me se semble qu'il gère avec honnêteté son immense business.
Nous devisons en compères sur les potins de l'Himalaya tout en avançant sur le dossier Ama Dablam. Tout est compris, prévu, caisson, pharmacie, radios, camp de base confortable, etc. Et je trouve que le rapport prix/prestations est vraiment intéressant contrairement à une réputation qui court ici ou là. La réussite s'accompagne toujours de son concert de jalousies.
On passe en revue le cas des "traîtres". Parajuli, un type à qui il faisait confiance et qui est parti monter son agence avec une partie de la clientèle. Je l'amuse bien en lui sortant : Parajuli Juni (Allibert) même combat.
Le problème est de ces gens qui veulent quitter le nid, mais n'ont pas les ailes assez grandes. Surtout les hommes de terrain.
Apparemment Ang Tsering a fait une prestation Everest pour lui et cela ne s'est pas bien passé, je comprends mieux pourquoi je me suis autant fait agresser en tant qu'Allibert et Thamserku le soir de Pengbotche.
Jangbu aussi son poulain des 8000 qui a organisé seul le voyages des deux Suisses Alain et Tom Nikles. Voyage qui s'est mal terminé... Par la mort de Tom. Quand on veut sauter du nid et voler de ses propres ailes, il faut en avoir les moyens et à quoi bon se passer de tout service et prendre des risques pour gagner 4 sous de plus.
On parle aussi des sherpas de l'Everest et je découvre que mon impression n'est pas sans fondement. Ils gagnent 5000 $ sur les deux mois, la moitié de ce que je gagne + une prime pour s'équiper, ils sont les mieux payés des gens de terrain... Certains en dépensent une bonne partie au retour en boissons et en jeux. Est-ce une raison pour regarder les autres de haut (8848m) et se comporter en caste. Il ne faut pas généraliser, mais beaucoup ont perdu de la sympathie qui faisait leur charme. Dommage, mais il n'y a qu'un Everest. Cela n'entame pas notre bonne humeur et nous nous quittons dans le plaisir de nous revoir à l'automne.
Le soir nous dînons au Rhum Doodle avec Ang Tsering que nous invitons. Dans la partie est de Thamel. Restaurant où les summiters de l'Everest ont un plat gratuit... A l'automne quand j'aurai le certificat d'ascension...
Ang Tsering, revenu à de meilleurs sentiments à mon égard, me propose même de se voir pour l'Ama Dablam et admet que c'est plus intéressant que l'Everest. Étonnant non ?
J58 Samedi 31/05/08
Katmandou (1350m)
En mai fais ce qu'il te plait.
Quel plaisir d'être réveillé par le chant des oiseaux après cette cure de mondes glacés, désertés par la vie...
C'est mon 18ème Népal et mon premier printemps. Nous sommes dans l'hémisphère nord et cela ressemble à ce que l'on connaît en plus chaud avec un allongement des jours moins marqué .
Mais cela reste un grand plaisir la balade dans les rues colorées de Katmandou en tenue légère où les commerçant haranguent les quelques touristes attardés dans cette belle saison.
J'arrive enfin à trouver un ordinateur qui ne rame pas trop avec Orange dans un petit boui-boui ce qui me permet de mettre de l'ordre dans les nombreux messages. Dans la partie est de Thamel celle où l'on ne vas jamais et pour le déjeuner un restaurant très honnête avec jardin ombragé, le Pilgrim's Garden.
Le soir nous avons rendez-vous avec Aschok qui nous invite au restaurant.
Nous découvrons un nouvel endroit, un ancien palais restauré à l'entrée de Thamel, le Garden Paradise... Sublime ! Et bonne cuisine. Un qui va faire concurrence au Shangri La. Aschok sur mes questions nous fait une rapide histoire du Népal : un tas de dynasties royales (Malas, Ranas etc...) ont lutté pour le pouvoir... Compliqué. Et maintenant ils vont s'essayer à la république, une page se tourne.
Rendez-vous est pris pour l'avion de lundi qui en un seul jour nous ramène à Paris oui...
J59 Dimanche 1/06/08
Katmandou (1350m)
Les chemins de Katmandou…
Dernière journée à Katmandou... Profitons-en...
Dans l'attente de l'ouverture des boutiques, quelques longueurs dans la piscine. Où se trouve un pèse-personne ! Si il est juste je suis bien à 5kg en dessous du poids courant.
Depuis le Shanker on peut entrer dans Thamel par l'est, cela change un peu et réserve quelques étals de boucherie assez spectaculaires.
Galère avec Orange sur Internet, le site est trop lourd et dès qu'on est nombreux en connections le débit devient insuffisant, il faut un temps infini pour le moindre mail.
Lunch dans le jardin d'Eden (de hier soir) un peu plus bruyant que le Shangri La. Une expo photo rend compte de la restauration du palais, magnifique.
J60 Lundi 2/06/08
Katmandou (1350m) Paris (150m)
Il faut tourner la page
Changer de paysage...(Claude Nougaro)
Réveil téléphonique à 5h30 petit déjeuner à 6h départ 6h30 pour un vol à 9h30.
Le souci c'est le poids, nous sommes à 80kg ! 20 de trop... palabres, discussions, nous reprenons quelques choses dans le bagage de cabine et ça passe. Ouf !
Pendant le vol je me trouve à coté du guide patron de l'agence suisse (Kari Kobler) qui s'occupait de l'aspirant guide tessinois; en réponse à mes questions, il me donne des éclaircissements : le Tessinois est mort à la fin de la descente à 1h30 du matin au dessus du camp 4 à 8050m juste avant d'arriver, mort subite, épuisement ? Il était accompagné d'un médecin qui lui avait fait monter de l'oxygène et piqué aux corticoïdes car il se sentait très mal, il a donc passé 15h sur cette descente avant de mourir, il avait passé le point de non retour. Dur dur...
Vol sur Quatar parfait. La première gorgée de vin et autres petits plaisirs... Finalement, je me sens très zen, comme un peu détaché est-ce cela l'effet Everest ?
40° sur le tarmac à Doha ça change ! Transit très court, quel confort.
Aéroport de Roissy, superbe comité d'accueil pour Anne Garance famille amis travail... Très chaleureux…
Et aussi mon Jean-Luc, témoin de mes débuts en expédition (Kun 1990) et resté client, ami fidèle, complice, compagnon indéfectible des montagnes, bivouacs et autres aventures… que d'émotion !
Et fondre dans les bras de son aimée, comme un petit enfant fourbu, revenu d'un jeu dangereux…
Te prendre à dieu contre moi même
Etreindre, étreindre ceux qu'on aime
Tout le reste c'est jouer aux dés
Louis Aragon
Épilogue…
Voila, la page est tournée, ça a été comme dans un rêve, je me demande si tout cela a eu lieu tellement c'est étrange de revenir de 8848m…Il y a un état de grâce qui nous porte un temps. C'est étrange aussi de voir ce que cela provoque soudain dans l'entourage comme émotion, comme respect et comme admiration, c'est la force d'un puissant symbole sans doute.
Très heureux de recevoir toute cette chaleur venue de toute part et je rends grâce à cette bonne étoile qui me soutient et me permet de renvoyer à ceux qui m'entourent une image positive...
Toutes ces années à avoir cru aux vertus de la passion montagnarde, à sa transmission ont fini par porter leurs fruits... Cette grâce est venue seule quand je ne l'attendais pas, mais sait-on pourquoi une graine germe ou pas ?
Je vais continuer à tracer mon sillon, renforcé par cet immense symbole, pour donner toujours de la joie à ceux qui s'attachent à mes pas, cela donne du sens à cette existence si fragile qui avec cette chance qui me protège pour l'instant peut porter encore quelques beaux projets et donner à rêver.
Daniel Petraud, Champcella le 11/06/2008
Remerciements :
A Alain Taravella le « boss » d’ALTAREA qui a tout fait pour que le rêve devienne réalité et a fourni le préalable indispensable à ce genre d’aventure : l’argent.
A Anne Garance pour son courage et son agréable compagnonnage…
A Marc Lubin pour la consciencieuse organisation française.
A Aschoc pour la non moins consciencieuse organisation Népalaise.
A Ang Tsering et à Nima nos sherpas pour leur précieuse aide sur le terrain.
A Maila Artzun et Lakpa pour les petits plats et le service.
Et à tous les autres, fiancée, parents, amis, clients, collègues, pour leurs indispensables encouragements…