Everest page 1 | page 2 | page 3 | page 4 | page 5 |

 

A Marc, mon alter ego regretté, avec qui j’aurai tant aimé partager ce rêve éveillé.

 

L'ascension d'une telle montagne est un acte profondément irrationnel. C'est le triomphe du désir sur la raison.

Quiconque l'envisage sérieusement se place, presque par définition au-delà du raisonnement.

Jon Krakauer

 

Une ligne rouge, pourrait-on dire, est tracée autour de la partie supérieure de ces hautes montagnes. Personne ne devrait la dépasser. Au-delà de 7500m, la pression atmosphérique trop basse a un effet si sévère sur l'organisme qu'un obstacle peut rendre l'escalade impossible et que la moindre tempête peut avoir des conséquences mortelles. Seules des conditions météorologiques parfaites offrent une chance de succès.

Je doute que quelqu'un puise prétendre aimer vivre à haute altitude. Je veux dire "aimer"dans le sens habituel du mot. Il y a une sombre satisfaction dans l'effort pour monter plus haut, même lentement. Mais on ne peut éviter de passer l'essentiel de son temps au milieu de l'extrême saleté d'un campement. Il est impossible de fumer; manger donne envie de vomir; la nécessité de réduire sa charge au minimum limite la lecture aux étiquettes des boites de conserve ; l'huile des sardines, le lait concentré et la mélasse se renversent partout ; à l'exception de très brefs instants, où l'on n'est généralement pas d'humeur à goûter les joies esthétiques, il n'y a rien d'autre à contempler que la morne confusion qui règne sous la tente et le visages desquamé et barbu de son compagnon d'escalade. Fort heureusement, le bruit du vent couvre la respiration de son nez encombré. Mais le pire, c'est le sentiment d'abandon complet et d'incapacité à faire face à un danger soudain. Généralement, j'essayais de me consoler en pensant que, l'année précédente, j'aurais été heureux à la seule idée de participer à cette aventure. A ce moment-là, cette perspective semblait relever d'un rêve impossible ; mais l'altitude a le même effet sur l'esprit que sur le corps : l'intellect devient terne et apathique. A présent, mon seul souhait était de terminer ce qui était commencé et de redescendre vers un climat plus raisonnable.

Eric Shipton, "Sur cette montagne" (Arthaud 1950)

 

Certaines expéditions commerciales frisent aujourd'hui le ridicule. Des clients montent équipés d'un appareil photo, d'une gourde et de leur crème solaire dans un endroit où ne pas disposer de son propre matériel peut vous condamner à mort. Souvent, leurs sacs sont acheminés jusqu'au camp le plus élevé, et on leur y installe les tentes. Un beau jour, les clients n'auront plus que leur masque à oxygène sur le visage et on leur portera aussi leur bouteille d'oxygène mais ils continueront à se vanter d'avoir vaincu l'Everest, à écrire des livres et à en tirer des bénéfices.

Elle nécessite beaucoup de patience et d'amour. Disposer d'argent ne devrait pas être une raison suffisante pour tenter l'ascension.

Jamling Norgay (fils de Tenzing Norgay)

 

Article complet : http://dufresne.bruno.free.fr/Everest/acclimatation/everest_pas_terrain_jeu.htm

 

 

 

Everest Altarea 2008

 

Un couillon et une jeune fille de bonne famille à l'Everest… Ou un Everest heureux.

 

Tout cela c'est la faute à Bruno et c'est par lui que tout a commencé.

Un beau jour le voilà qui me parle d'une cliente qui veut gravir l'Everest et qui cherche un guide.

- Ça te tente toujours ?

Surprise et incrédulité pour celui qui avait oublié cet ancien projet récurant

- Oui, je vais réfléchir un peu...

C'est vrai que ça fait longtemps que j'y pense avec des hauts et des bas, les doutes qui s'attachent forcement à cet énorme défi. Pour avoir déjà foulé ses pentes je sais quelle attirance irrationnelle cette montagne exerce.

Toute haute montagne m'attire en cela qu'elle nous met face à nous même et à nos ressources physiques et mentales de petit microbe bipède, le tout au cœur de forces naturelles puissantes que rien ne vient altérer.

Un montagnard peut-il rater l'occasion d'une expérience comme celle-ci. Une variante du comble du garagiste : escalader (déshabiller) une DS (Chomolongma, déesse mère du monde) pour s'en faire une ID ? Seules les générations antérieures à 1960 comprendront...

 

Puis, décision prise, tout s'est précipité : visite de Marc Lubin, guide ex-Terdav, organisateur français, rencontre d'Aschok organisateur népalais lors de mon voyage d'automne au Népal et WE de préparation raquettes avec Anne Garance, la postulante, qui me décrit la genèse du projet et entre autre les incroyables difficultés pour trouver un guide.

D'où réflexion de Micheline : "ils ont trouvé un couillon"... Le couillon c'est moi.

Très consentant il faut bien dire... Pouvait-on on refuser une telle proposition ? Occasion si rare de tenter l'ascension du géant ?

Ont suivi quelques mois de préparatifs intensifs pendant lesquels Marc Lubin s'est démené comme un diable. Le projet est financé par l'entreprise d'Anne Garance, Marc coordonne tous les acteurs côté France et Aschok prend en charge l'organisation népalaise. Anne Garance et moi entretenons notre condition physique, pour moi ski de randonnée pour le foncier et course à pied dans les périodes sans travail.

Cinq personnes vont nous accompagner pendant le trek d'acclimatation : un accompagnateur faisant partie de l'association de Marc et 4 clients. Et voilà tout est prêt, c'est le grand jour du départ.

Jusqu'à la dernière minute nous risquons l'annulation pour cause de flamme olympique. Ces impérialistes chinois ont l'idée bizarre de monter la flamme olympique sur le toit du monde etc.....

Sur le quai de la gare de Lausanne, les adieux de Micheline à travers la vitre du TGV, avec quelques larmes. Dur de voir partir l'homme qu'on aime pour 64 jours et une dangereuse destination : cette montagne qu'elle redoute.

Adam part Everest (Eve reste) jeu de mots trouvé sur Internet détend un peu l'atmosphère, même si il fait rire jaune.

 

J1 Vendredi 4/04/08

 

Paris - Doha

 

Au rendez-vous à Roissy Aérogare 1 face à la porte 1 où se trouve le comptoir d'enregistrement de Quatar Airways, je trouve un comité d'accueil fourni. La famille et les amis d'Anne Garance sont venus soutenir son départ : effusions, films, photos, l'ambiance est chaleureuse.

Reste la sempiternelle question du poids. J'utilise la méthode qui a fait ses preuves : se présenter au chef d'escale et demander l'enregistrement en groupe pour une moyenne des poids. Et ça marche, la plupart des trekkeurs étant à 15 kg et nous avons droit tous les deux à 30 kg. Par contre ma guitare est refusée en bagage à main pour la première fois.

 

J2 Samedi 5/04/08

 

Doha - Katmandou

 

Aschok nous attend à l'aéroport et nous conduit en minibus à l'hôtel Shanker, vieil hôtel de style colonial un peu moins confortable que le Yak and Yeti, mais au personnel très agréable.

Une banderole de bienvenue nous y attend avec ces mots : Bienvenue à Anne Garance et Daniel Petraud Expe Everest 2008.

Je conduis ensuite le groupe dîner au restaurant tibétain le Decheling, qui rencontre comme toujours un franc succès.

 

J3 Dimanche 6/04/08

 

Katmandou préparatifs

 

Tout le monde part en visite de ville pendant que je vérifie avec Aschok tous les détails du programme. Ceci fait je retourne dans la grande surface où j'avais fait les repérages à l'automne pour l'achat de complément de vivres d'altitude. Tout y est, excepté purée instantanée et couscous. Ashok essayera d'en trouver et de nous le faire parvenir au camp de base.

Puis à 16h30 comme prévu la visite de la vieille dame.

Le téléphone sonne dans ma chambre

-Allo ?

- Miss Hawley downstairs !

Toujours fidèle au poste, voici l'incontournable Miss Hawley, mémoire vivante de l'Himalaya, qui note, enregistre et publie tout ce qui concerne les expéditions. Je ne la pensais pas encore en vie l'ayant rencontrée pour la dernière fois en 94 déjà très âgée, la voilà qui apparaît la peau parcheminée, 90, 100 ans ? Difficile à dire.

Suivent les questions rituelles : nom de l'expédition, identité, nationalité des participants, etc.

J'essaie d'avoir des chiffres sur l'Everest : il y a 16 permis avec 12 grimpeurs par permis soit 192 grimpeurs. Il y a un Japonais de 74 ans et un Népalais de 77 ans ! (Le record est actuellement de 71 ans). 171 femmes l'ont réussi pour l'instant dont 3 Françaises. Impossible d'obtenir d'autres chiffres pour le moment. Ses réponses à mes questions consistent à me renvoyer à son DVD Himalayan Data base tout en Anglais avec ses mises à jour téléchargeables gratuitement que je possède, mais dont j'ai abandonné la consultation.

Et puis la vieille dame est très fatiguée et la voilà repartie à petit pas accompagnée de son "boy" népalais.

 

J4 Lundi 7/04/08

 

Katmandou Lukla Pakding (2600m)

 

Partager le destin des abeilles

 

Le ciel est parfaitement pur ce matin ce qui permet de respecter l'horaire du vol sur Lukla, une fois n'est pas coutume. La sonnerie du téléphone nous réveille à 5h d'un trop bref sommeil. Ensuite c'est le folklore habituel de l'embarquement sur Lukla. L'aéroport se transforme en une sorte de vente à la criée où les bagages volent de mains en mains pour atterrir sur une balance au cadran géant, déchargée quand l'aiguille atteint son maximum.

Vol agréable avec peu de nébulosité donc peu de secousses, vue sur le Rolwaling et le Gaurichankar.

L'atterrissage à Lukla sur le minuscule terrain en pente est toujours un grand moment où chacun souhaite que le freinage soit bien maîtrisé par le pilote.

A l'atterrissage notre sirdar Ang Tsering nous attend, il sera aussi un des deux sherpas d'altitude, il est déjà monté deux fois au sommet.

Pour l'instant, le temps semble meilleur qu'en automne, nous n'avons pas encore sorti les parapluies. Pourvu que ça dure !

A Pakding nouvel essai d'envoi de mail avec l'ordinateur portable connecté au téléphone satellite (Thuraya), nouvel essai infructueux. Les techniciens que j'ai joints plusieurs fois au téléphone et par mail n'ont pas assuré un service après vente très serieux. Cela devrait pourtant être assez simple, quand on connaît, de transmettre une explication claire.

Les difficultés à m'endormir le soir (décalage horaire oblige) me font me plonger dans la lecture de l'excellent "L'élégance du hérisson" et le non moins excellent chapitre intitulé : "Qui croit pouvoir faire du miel sans partager le destin des abeilles " avec entre autres perles cette phrase : "Trouver la tâche pour laquelle nous sommes nés et l'accomplir du mieux que nous pouvons, de toutes nos forces, sans chercher midi à quatorze heures et sans croire qu'il y a du divin dans notre nature animale. C'est comme ça seulement que nous aurons le sentiment d'être en train de faire quelque chose de constructif au moment où la mort nous prendra."

Voilà, là dessus on peut tranquillement aller se coucher...

 

M : 250m

D : 450m

Tps lunch compris : 5h10

 

 

J5 Mardi 8/04/08

 

Pakding (2600m) Namche (3450m)

 

En remontant la rivière de lait

 

Pression : 676mb

 

Comme d'habitude au Népal le thé est servi à la tente à 6h et nous commençons à marcher à 8h. Le temps superbement dégagé nous réserve de jolies vues sur le Kusum Kanguru et sur la rivière Dudh Koshi, rivière de lait, qui n'a pas sa couleur laiteuse de l'automne, mais roule une eau limpide au fond de la vallée. Le sentier fortement encombré nous impose une gymnastique d'esquive permanente entre les cornes acérées des dzos, les ballots des porteurs et les touristes. Après un lunch à Monjo sur une agréable terrasse ensoleillée, nous avalons la montée raide de Namche qui comporte en deux endroits une belle vue sur le Lhotse et l'Everest.

 

 

M : 665m

D : 60m

Tps lunch compris : 7h42

Pls : 61-109-148

 

J6 Mercredi 9/04/08

 

Namche balade d'acclimatation

 

Hôtel avec vue et tirs a vue…

 

Au réveil :

T° sous la tente +3°

Pression : 676mb

La nuit fut rythmée par les habituels concerts de chiens de Namche.

"Bed tea" à 6h30, nous gagnons 1/2h car il n'est pas nécessaire de démonter le camp aujourd'hui. Visite du musée d'où nous avons déjà la vue sur Thamserku, Ama Dablam, Lhotse, et Everest.

Une montée raide permet de rejoindre le terrain d'atterrissage de Syangboche, puis une marche à flanc l'hôtel "Everest vue" ou nous dégustons un jus de fruits en terrasse face au panorama le plus haut du monde. Au retour nous passons par Kumjung ce qui nous offre des points de vue différents et les plus longs "murs à mani" qu'il m'ait été donné de voir.

Après-midi consacré aux emplettes et aux courriers électroniques. Rencontre de François et Martine Marsigny qui ont changé d'objectif, Everest versant Tibet pour le Makalu et me font, rapportant la conversation qu'ils ont eu avec Sonam la veille, un tableau apocalyptique de la situation : les militaires au camp de base et au C2 empêchent la montée au dessus jusqu'au 12/04 et tirent à vue sur les alpinistes récalcitrants...Impressionnant ! On se fera notre idée sur place.

 

M/D : 600m

Tps : 5h

Pls : 76/111/145

 

J7 Jeudi 10/04/08

 

Namche (3450m) Thame (3800 m)

 

Ils ont voté et puis après ...

 

Pouls réveil : 58

Aujourd'hui grand jour pour le Népal, les premières élections pour s'orienter vers la démocratie. Se présentent non moins de 55 partis dotés chacun d'un symbole : soleil, charrue, arbre, lune, ballon, parapluie, faucille et marteau etc. etc. Les 5 premiers partis sont appelés à créer une assemblée constituante qui doit élire un gouvernement. Savoir si les Maoïstes accepteront la règle du jeu démocratique ?

Des bureaux de vote sont installés dans les écoles, pour voter il faut mettre un coup de tampon en face du parti de son choix.

Lunch à Thame et toilette dans le torrent vite avant que le soleil disparaisse pour laisser place à un froid brouillard.

 

M : 645m

D : 279m

Tps : 4h50

Pls : 51/106/148

 

J8 Vendredi 11/04/08

 

Thame (3800m) Sumdur Ri (4700m) Thame

 

Bed tea 7h, grasse matinée !

Une très belle marche d'acclimatation au dessus du monastère remplace avantageusement la balade prévue au fond de la vallée jusqu'à Tengpo.

Les habitants de Thame ont tracé un sentier, déplacé des pierres pour monter jusqu'au Sumdur Ri, prolongement de l'arête qui monte de Thame et qui sépare les deux vallées.

Tea time en compagnie de Martine et François Marsigny qui s'acclimatent pour le Makalu. Nous échangeons nos expériences et devisons sur les joies et les peines du métier de guide.

 

M/D : 950m

Tps : 5h14

45/110/155

 

 

 

J9 Samedi 12/04/08

 

Thame (3800m) Marulung (4 14 0m)

 

Chauffe Daniel !

 

A 3800m T°sous la tente encore positive : +2°. Pression : 644mb

 

Courte étape de la 1/2 journée. Aujourd'hui sur la rive droite du Nangpo Tsangpo le torrent qui sort du glacier du Nangpa la passage historique entre Tibet et Kumbu. Lunch et camp à Marulung village d'alpage à 4140 m

Après le dîner pris à 18h, guitare et chansons autour du poêle chauffé à la bouse de yack réchauffent l'atmosphère du modeste lodge. Séance commencée en doudoune et terminée en T-shirt !

Anne Garance a fait le conservatoire latin-grec, danse, etc... La parfaite éducation de jeune fille de bonne famille, ce qui m'inspire un nouveau sous titre : le couillon et la jeune fille de bonne famille à l'Everest.

 

 

M : 416m-270m/h

D : 93m-320m/h

Tps : 3h30

Pls : 66/102/135

 

J10 Dimanche 13/04/08

 

Marulung (4140m) Ranjo Lake (4850m)

La T° sous la tente au réveil devient négative à cette altitude : -2°

On traverse le torrent juste après les premières maisons de Marulung. Suit une marche à flanc jusqu'à Lungare où l'on prend le thé, puis une petite remontée raide et une traversée mènent au lac.

Etape de la demi-journée sur un bon sentier. Attention cependant au vent glacial qui remonte la vallée. Prévoir un bon coupe vent pour éviter le refroidissement. Lunch et camp au lac.

 

Pression : 618mb

M : 700m

Tps : 4h

Pls : 47/101/145

J11 Lundi 14/04/08

 

Ranjo Lake (4850m) Ranjo Pass (5350m) Gokyo (4750m)

 

Ce matin à 4850m

Pression 559mb ! (Hier à 4140m : 618mb)

T° à la montre en haut de la tente : -6° au petit thermomètre plastique : -10° à étalonner en plaçant au même endroit.

 

Il est décidé que nous ferons le lunch à Gokyo, et que nous ne déjeunerons pas plus tôt que d'habitude (bed tea 6h), en fait un bed tea à 5h30 serait idéal pour cette étape pour avoir quelque chance de voir l'Everest avant qu'il ne se couvre.

Il faut dire que c'est très beau et le temps est dégagé avant la première arrivée de petits nuages à partir de 10h. Ils grossissent et accrochent les montagnes et s'accompagnent d'un vent glacial qui vous transperce. Ce scénario se reproduit à l'identique chaque jour.

La montée est progressive sur un bon sentier, le rythme se ralentit, quelques-uns sentent les effets de l'altitude. On se dirige vers une paroi en laissant sur notre gauche un beau lac à l'eau cristalline toute en nuances de verts. Le sentier utilise les faiblesses de la paroi en suivant un système de vires aménagées en marches par les locaux, un escalier en pleine montagne, une occasion supplémentaire de constater la culture séculaire du sentier et du travail de la pierre qui habite ce peuple.

La descente est un peu plus longue que l'horaire népalais proposé par Ang Tsering, simplement du double 4 h au lieu de 2 h sur un sentier assez malcommode pour qui n'a pas un super pied montagnard. Chacun apprécie de se retrouver au lodge face au lac devant son assiette et Anne Garance a cette remarque non dénuée d'humour involontaire :"j'en ai un peu marre du thé!" quand on sait qu'il nous reste 50 jours à en boire !...

 

 

M : 527m - 270m/h

D : 676m - 380m/h

Tps : 5h30

Pls : 55/107/143

 

J12 Mardi 15/04/08

 

Gokyo (4750m) Gokyo Ri (5350m)

 

 

T° sous la toile -6°c

Pression : 571mb

Dormi comme un bébé, signe d'une bonne acclimatation, avec les interruptions pipi habituelles (merci la gourde pipi qui évite le réveil complet, je vous conseille le modèle américain plastique à large goulot). Conseil d'oncle Daniel pour une bonne acclimatation : boire et pisser 24 heures sur 24 où comme dirait de Coubertin : "l'important c'est de partir pisser". Et mon slogan : "avec la gourde pipi tu restes au lit".

5 à 6 litres sont conseillés par 24 h, la gourde dans la tente permet de ne pas se restreindre de boire le soir. Etonnamment il n'est pas fait mention de ce sujet par trop trivial dans notre littérature alpine (de yeti), mais je n'ai pas tout lu loin s'en faut.

Aujourd'hui Jean-Pierre notre accompagnateur qui ne parvient pas à récupérer nous quitte, il va passer par le bas avec un porteur et nous rejoindre pour le Kalapatar. Nous avons décidé de conserver le programme original pour le groupe, un aller retour au CB de l'Everest pour nous accompagner le rendrait trop copieux. A ce propos ce programme est pour l'instant idéal au point de vue de l'acclimatation avec une montée très progressive en altitude et beaucoup d'étapes de la 1/2 journée à partir de 3500m.

Bed tea à 6h départ 7h45. Comme pour le col précédent, il serait souhaitable de partir une heure plus tôt pour être à 10h au sommet à l'heure où les nuages et le vent commencent à apparaître.

Je donne le rythme très régulier 200-300m/h ce qui nous permet d'atteindre le sommet en 2h35. Cette balade est toujours aussi belle.

 

M / D : 596m - 280m/h - 650m/h

Tps : 3h45

Pls : 70/111/145

 

 

 

J13 Mercredi 16/04/08

 

Gokyo (4750m) Dragnag (4690m)

 

Pouls de réveil 59

Très courte étape aujourd'hui, de Gokyo on longe le 2ème lac et on remonte la moraine pour traverser le spectaculaire glacier de Ngozumpa qui descend du Cho Oyu et charrie des tonnes de pierres, de glace, de sable, de lacs gelés. Très jolie vue sur le Cho Oyu tout le long du parcours.

Le camp de base approche, j'en parle avec Ang Tsering et nous prévoyons 800 personnes + militaires népalais et chinois ! Il va y avoir de l'ambiance.

 

 

M :118m - 270m/h

D : 189m - 240m/h

Tps : 2h30

Pls : 78-108-140 sous 125 2h17

 

J14 Jeudi 17/04/08

 

Dragnag (4690m) Cho La (5 35 0m) Dzongla (4843)

 

T° :-2°

Pression : 577mb

Gros orage hier soir, petite chute de neige, mais grand beau ce matin.

La montée jusqu'au camp au pied du col prend 2h30 dans une petite couche de neige fraîche de l'orage d'hier soir ce qui habille avantageusement ce paysage caillouteux. Je mène une cadence de sénateur devant Manuel qui doit se dépasser pour cette longue étape.

A la descente, le passage délicat au bout et a droite de la langue glaciaire passe un peu plus haut que d'habitude et ne nécessite pas l'emploi de la corde. Les chaussures de "trek" sont suffisantes en conditions normales

Lunch (pack lunch) juste après ce passage.

 

 

M : 878m - 270m/h

D : 695m - 330m/h

Tps : 8h

Pls :68/109/150

 

J15 Vendredi 18/04/08

 

Dzongla( 4850m ) Gorashep( 5130m )

 

A 4850m T° ss la tente : -6°C. Quelques marcheurs de mon groupe ont trouvé la parade, ils demandent des couvertures aux lodges, parfois prêtées, parfois louées 150 roupies 1,5€. Business is business ! Quant à moi je m'éclaire et me chauffe à la bougie soir et matin.

Belle étape avec des points de vue exceptionnels, lunch à Lobuche, devenu boueux et sale dans un lodge assez "ruée vers l'or". La tôle ondulée y règne en maître et les lodges ont poussé comme des champignons comme un peu partout dans cette zone de "l'Everest business".

Dans l'après midi Anne Garance a ressenti une douleur au genou gauche, espérons sans gravité.

La tente mess n'aura été utilisée qu'une fois dans ce trek où nous dînons systématiquement en lodge même si nous continuons à dormir sous la tente. Cela crée une ambiance chaleureuse, autour du poêle à bouse, émaillée de rencontres cosmopolites. Les locaux y côtoient les Européens, des vitrines y affichent toute sorte de produits en vente tandis que l'on s'active en cuisine pour servir des montagnes de riz aux porteurs affamés.

C'est le dernier dîner préparé par notre cook et il a sorti le grand jeu. Amuse-gueule de toutes sortes précèdent un repas copieux couronné par un superbe gâteau à la crème !

 

 

Pression : 566mb

M :600m - 200m/h

D : 250m - 290m/h

Tps :7h lunch compris

Pls : 52/100/138 6h30<125 : l'acclimatation commence à se faire sentir

 

la suite... | page 2 | page 3 | page 4 | page 5 |