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Lundi 11 mai
Kyang (3840m) Phu (4000m)
FC au repos sur 10mn : 53/64/91
Cette nuit, la t° anormalement basse + 5 pour l'altitude me laisse supposer que le ciel est couvert en effet en t e ndant l'oreille on entend sur la toile le bruit que font de fines particules de neige.
Hier soir je n'ai pas pu fermer le livre de David Roberts avant d'en avoir lu le mot fin et d'avoir eu le fin mot de cette enquête à rebondissements qui éclaire d'un jour nouveau tout un pan de l'histoire de l'alpinisme français. Il m'a tenu éveillé jusqu'à 23h et j'ai ensuite eu du mal à trouver le sommeil. Il est dans la file d'attente de ma bibliothèque et je devais le lire mais comme Alain l'avait avec lui et l'avait lui aussi apprécié il me l'a gentiment passé. C'est un de ces livres auquel on pense quand on n'est pas dedans et qu'on brûle de retrouver.
Etrange coïncidence je lisais "Annapurna premier 8000" en 2005 quand je suis venu ici pour la première fois avec Alain, Tom son cousin, Jean et Emmanuel, pour l'Himlung Himal où nous avons reçu 3m de neige et vécu un repli durant 13 h jusqu'à ce village de Phu où nous sommes à nouveau aujourd'hui.
Ce livre m'avait un peu déçu, mais je ne savais pas pourquoi après la lecture de "Annapurna une affaire de cordée" je comprends pourquoi. Herzog peut se vanter d'avoir quelques longueurs d'avance sur son temps dans l'art du politiquement correct de la langue de bois et du mensonge d'état. Je sais aussi pourquoi la vision de l'alpinisme et l'obsession du pouvoir des cadres du CAF m'ont toujours paru suspecte. La seule chose qui me rassure est de me dire que peut-être nous avons progressé dans la liberté d'expression pour que de telles malhonnêtetés ne soient pas possibles aujourd'hui ? En tout cas en matière d'alpinisme. Suis-je naïf ? Peut-être...
Arrivées à Phu avec Alain c'est pour nous un pèlerinage et un moment d'émotion.
Tant de choses se sont passées depuis cette expédition confraternelle de l'Himlung 2005, nous formions une belle équipe et sommes restés liés, mais la malchance a voulu que deux d'entre nous périssent en montagne. Ce sera toujours une douleur et pour Alain qui a perdu comme un frère encore plus que pour moi. Revenir ici c'est un peu une autre façon de porter le deuil.
A Phu rien n'a changé depuis 2005 ces villageois vivent comme ils ont toujours vécu. En 2005 nous étions en période de moissons aujourd'hui nous sommes en période de labour et semailles. Deux hommes, deux yaks une charrue entièrement en bois pour retourner la terre noire des minuscules parcelles en étage qui jouxtent le village, puis les femmes arrivent en piaillant avec des râteaux pour casser les mottes. Images d'un autre âge, pratiques oubliées. Toilette rapide à la fontaine sous le vent et la neige... Très vivifiant !
Bien que nous ne fonctionnions depuis Kiang que par 1/2 étape, nos porteurs décident de s'octroyer une journée de repos à Phu. Nous pensons avec Alain que c'est dommage de perdre un jour, mais décidons de jouer la diplomatie et de ne pas nous les mettre à dos, nous avons besoin d'eux.
Nous sommes logés chez Karseng seul hébergement du village où nous arrivâmes à minuit en 2005 après 13h de marche à faire la trace jusqu'au ventre. Elle a eu deux enfants depuis et s'est bien arrondie.
Nous vivons là avec eux dans la pièce commune avec la famille avec les enfants et tout le staff.
M : 441m-350m/h
D : 262m-380m/h
Durée : 2h45
Pouls : 74/114/139
10mn entre 130 et 160
2h25 en dessous de 130
Depuis Kiang, vue sur le Kanguru
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Mardi 12 mai
Phu (4000m) Jour de repos
Suicide au gaz…
FC au réveil sur 10mn : 38/64/91 Je ne sais pas si c’est la fameuse soupe du cook d’hier soir, mais ce matin je pratique l’auto - asphyxie ! Obligé de tout ouvrir et ce qui est rare ne supportant pas mes propres (si on peut dire) flatulences… Et pour se purifier, matinée au torrent, petite vasque cachée pour éviter le vent et ne pas choquer les habitants... Le bonheur ! Les habitants levés de bonne heure s'activent dans les champs. L'après-midi est consacré à la visite de la gompa (monastère bouddhiste) où des lamas femmes nous accueillent et nous offre le thé tibétain. Ce monastère se trouve sur un autre pinacle de congloméra et offre sur Phu et sa vallée des points de vue intéressants. Jangbu notre cook est au petit soin avec nous, très pieux -ils le sont tous mais lui plus encore - il se dévoue entièrement aux dieux comme aux mécréants de mon espèce. Il cuisine très bien, inquiet et perfectionniste, il nous apporte toujours des quantités phénoménales de nourriture ce qui nous fait faire avec Alain la plaisanterie de collégiens : "ils nous engraissent pour nous manger au camp de base". Je sais qu'il n'y a pas de quoi, chères lectrices, mais ça nous fait rire.